
Qui était le chauffeur de la petite Fiat Uno aperçue dans le tunnel du Pont de l’Alma, la nuit de la mort de Lady Diana ? Lionel Froissart imagine une vie à l’opposé de celle de la princesse, une vie banale d’employée administrative vieille fille, une vie sans éclat et sans charme, dont le moment le plus marquant restera cette fameuse nuit du 31 Août 1997. Jocelyne, puisque c’est son nom, se retrouve du jour au lendemain engluée dans un drame dont elle est l’instrument, même si personne ne le sait encore. Punto Basta est le récit de ses tentatives, plus ou moins foireuses, plus ou moins drôles, pour garder l’anonymat et empêcher la police de remonter jusqu’à elle.
L’idée de départ m’avait semblé plutôt intéressante, originale et décalée, d’où mon envie de découvrir ce livre, en plus d’une curiosité tenace pour la vie de la défunte princesse de Galles, origines britanniques obligent. Le début du récit a été à la hauteur de mes attentes, avec une description tout sauf glamour de l’accident, une version minable des faits où la terreur renvoie Jocelyne à sa fonction la plus primaire et la laisse complètement paralysée, mains crispées sur le volant, incapable de faire demi-tour pour porter secours. Ce personnage de Jocelyne est bien sympathique, il faut dire, cette petite dame sans prétention, qui n’aime pas particulièrement sa vie ni son métier mais suit son train-train quotidien avec une fidélité admirable.
Je dois dire qu’à partir du moment où Lionel Froissart se met dans la peau de Lady Di, cette lecture ne m’a plus tellement convaincue. En un chapitre, il fait apparaître la princesse de Galles comme une collectionneuse d’hommes désabusée, déçue par son grand amour pakistanais, jouant chacune de ses apparitions dans les médias pour se débarrasser des photographes. Je comprends la volonté de l’auteur de nous faire voir la femme derrière l’icône, de redonner un semblant d’humanité à cette légende, mais le ton ne colle pas, les scènes de sexe avec Dodi sont lassantes, et ce chapitre n’apporte vraiment rien à l’histoire – quitte à croiser deux destins opposés, une Diana idéalisée aurait peut-être créé plus de contraste. A partir de là, même si certains passages m’ont fait rire par la suite, j’ai trouvé que l’histoire tournait en rond, que les péripéties manquaient de piquant, et que certains chapitres étaient franchement inutiles – le détail de tous les accidents de la route de personnes célèbres notamment. Une bonne idée de roman donc, mais dont l’exécution laisse un peu à désirer.
Jocelyne mène une vie tranquille et solitaire à Bobigny. Son petit plaisir c’est de traverser les beaux quartiers de Paris au volant de sa Fiat, qu’elle surnomme affectueusement Paulette. Le soir du 30 août 1997, alors qu’elle rentre par la voie sur berge, Jocelyne est accrochée par une puissante berline. Obnubilée par la maîtrise de son véhicule, elle remarque à peine que la voiture folle s’encastre dans le tunnel du pont de l’Alma. Le lendemain, Jocelyne découvre la terrible nouvelle : Lady Di a succombé à l’accident. Quel rôle a-t-elle joué ? Aurait-elle pu porter secours à la princesse ? Et si la police remontait jusqu’à elle ?
Avec ce portrait de jeune femme tout en fêlures, Lionel Froissart déjoue les pronostics de cette ténébreuse affaire qui a fait couler tant d’encre. Derrière ce drame de portée internationale, l’histoire d’une Madame Tout-le-monde se téléscopant avec celle d’une étoile.
Son amour de la lecture avait été conforté par cette immersion au milieu des livres et de leur odeur si particulière et tenace. Jocelyne ne pouvait pas se mettre au lit sans en avoir un à portée de main. Un soir, elle ne lisait que quelques lignes, un paragraphe ou deux pages avant de sombrer. Un autre, elle pouvait en ingurgiter trente ou cinquante sans ressentir la moindre fatigue. Il y avait sûrement une explication scientifique à ça, mais elle ne s’était jamais penchée sur la question. La réponse se trouvait assurément sur un rayon de bibliothèque.
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