
La couleur du livre en annonce déjà la teneur : Niki, c’est l’histoire d’une vie, intimement liée à et définie par l’histoire du communisme en Grèce, dont est originaire l’héroïne. Niki ne l’a pas choisi, mais elle est née de parents communistes jusqu’à la moelle, prêts à sacrifier leurs vies et à prendre les armes pour leurs convictions. Brinquebalée de part et d’autres, Niki connait l’exil, la clandestinité, les affrontements – à dix ans, voir des cadavres n’a plus rien d’exceptionnel pour elle. Au beau milieu de cette famille et de ce pays où l’appartenance idéologique fait office d’identité, Niki tente d’exister par elle-même, loin de toute étiquette politique.
Avec ce roman, Christos A. Chomenidis nous offre une plongée dans la Grèce du XXème siècle, déchirée par des luttes intestines entre les communistes et les nationalistes autant que par les occupations successives par les Italiens et les Allemands. A chaque retournement de situation, les alliances changent, les communistes sont tour à tour acclamés, enfermés, encensés, puis massacrés, sans qu’ils ne sachent jamais ce qui les attend ensuite. Niki, avec ses yeux d’enfant plus si naïve, se fait le témoin de la guerre civile qui ravage le pays à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, de la traque dont sont victimes les communistes et leurs sympathisants, et des lents efforts de reconstruction de l’union nationale après tant d’années de conflits.
Malgré quelques longueurs, Christos A. Chomenidis nous entraîne dans un récit d’une richesse époustouflante, croisant sur plus de vingt ans toute une foule de personnages, de faits historiques, et d’anecdotes familiales inspirées de la vie de sa propre mère. Niki est une fresque historique d’une envergure inédite, à la fois politique et incroyablement intime lorsque la petite histoire croise la grande.
À sept ans, je n’étais sûre que d’une chose : que tout peut basculer d’un instant à l’autre, que rien ne dure. J’aurais donc eu tout lieu d’être terrorisée, apathique, repliée sur moi-même, blindée face à ce qui se passait autour de moi. C’est heureusement l’inverse qui se produisit.
Je voyais la vie comme une aventure extra-ordinaire, dont il ne fallait pas perdre une miette en se voilant les yeux et qui réservait toujours, au tournant du chemin, quelque chose d’inattendu, d’incroyablement terrible, ou de terriblement incroyable.
Niki, qui vient de mourir, raconte l’histoire de sa famille. D’une jeunesse privilégiée à la clandestinité, du Moyen-Orient aux villes grecques, Niki, c’est aussi l’histoire d’une femme libre, façonnée tour à tour par les drames et les joies du xxe siècle. Une fresque flamboyante et absolue, faite d’espoir, de vengeances, de batailles et d’amour.
Et moi, c’était à se demander comment je pouvais non seulement supporter ce spectacle mais le contempler avec une curiosité insatiable. A sept ans, j’avais vu deux voisins pendus, un autre abattu par une balle perdue, oncle Yannos dans son cercueil, oncle Petros sur son brancard. Je me rappelais, ne serait-ce que vaguement, les îles où nous avions été déportées, mais aussi les fêtes de l’Occupation où Fani et Markella dansaient aux bras de Savvas et de Stratos, dans les effluves de tabac cher et de parfums raffinés. J’avais vu ensuite notre maison sauter, avant de me retrouver dans une école à Peristeri, assaillie par les x-istes et défendue par les nôtres, qui avaient grimpé sur le toit. A court de munitions, nous nous étions enfuis en pleine nuit en ambulance.
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Ah je suis ravie de lire un commentaire sur ce livre ! Il m’intéresse vraiment. Il va absolument falloir que je lui fasse une place dans ma pal (ce qui ne va pas être facile).
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Il est vraiment superbe, je pense qu’il te plairait beaucoup 🙂
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ce livre m’intéresse… je le note mais je ne précise pas quand je vais le lire car ça se bouscule de plus en plus dans ma PAL 🙂
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Ah je te comprends !
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