Les optimistes Rebecca Makkai Editions Les Escales 2020 The Unamed Bookshelf Chicago

Comment rester optimiste quand la maladie guette chacun de nos écarts ? Non, je ne vous parle pas du coronavirus, mais des débuts du sida, dans les années 1980, à Chicago. Véritable fléau dans la communauté gay en particulier, cette maladie était considérée comme tabou, à cause de la méconnaissance générale et du rejet manifeste du gouvernement républicain de faire quoique ce soit pour adresser l’épidémie. Les Optimistes est l’histoire fictive mais incroyablement émouvante de ces hommes qui ont essayé de continuer à vivre malgré l’épée de Damoclès qui vacillait au-dessus de leurs jolies têtes, mais aussi celle de la femme qui les a tous enterrés, dédiant sa vie à cette guerre difficile et impalpable.

Ce livre est entré sous ma peau comme peu le font. Je suis devenue Yale puis Fiona, grâce au talent de conteuse hors pair de l’auteure, aux mots si bien choisis de la traductrice, aux descriptions vivaces de la réalité de l’époque et de celle d’aujourd’hui. Je me suis laissée surprendre comme une enfant par l’évocation des attentats de 2015, j’ai replongé dans ce moment si particulier que j’ai vécu moi aussi, retrouvé avec étonnement des réflexions similaires aux miennes dans les réactions de Fiona. Je me suis émue de l’histoire de Charlie et Yale, de celle de Nora et Ranko, de ces amitiés indéfectibles que la mort n’entame pas, de l’hommage rendu par Richard à tous les disparus.

Je ne connaissais pas la réalité de cette époque pour la communauté gay, j’en avais entendu quelques bribes, mais aujourd’hui, Rebecca Makkai m’a donné l’impression de l’avoir vécue – et rares sont les livres qui parviennent à me transporter à ce point, surtout quand ils évoquent des sujets aussi difficiles. Il y a tant de beauté dans ce récit, tant de force et d’amour, tant de regards sur la vie et la mort, tant d’humanité, que je suis encore bouleversée en le refermant. C’est un grand livre, à n’en pas douter, un témoignage précieux d’une époque malheureusement pas si lointaine, mais incroyablement honteuse, où on laissait mourir les hommes dans la misère à cause de leur sexualité. Je n’oublierais pas Yale, Charlie, Nico, Terence, Katsu, Julian, Teddy, Richard, Fiona et tous les autres de si tôt.


Résumé de l’éditeur:

À Chicago, dans les années 1980, au coeur du quartier de Boystown, Yale Tishman et sa bande d’amis – artistes, activistes, journalistes ou professeurs… – vivent la vie libre qu’ils s’étaient
toujours imaginée. Lorsque l’épidémie du sida frappe leur communauté, les rapports changent, les liens se brouillent et se transforment. Peu à peu, tout s’effondre autour de Yale, et il ne lui reste plus que Fiona, la petite soeur de son meilleur ami Nico.

Révélant un immense talent, Rebecca Makkai brosse le sublime portrait de personnages brisés qui, au milieu du chaos, n’auront pourtant de cesse de trouver la beauté et l’espoir.

Lauréat de la Andrew Carnegie Medal et finaliste du National Book Award et du prix Pulitzer, Les Optimistes a déjà conquis des dizaines de milliers de lecteurs aux États-Unis et ailleurs.


– Avant j’avais peur que Reagan appuie sur le bouton rouge, tu sais ? Et je craignais les astéroïdes, et tout. Et puis j’ai compris un truc. Si tu devais choisir quand, dans la chronologie de la Terre, tu devais vivre, est-ce que tu ne choisirais pas la fin des temps ? Comme ça, tu n’aurais rien loupé. Si tu meurs en 1920, tu passes à côté du rock’n’roll. En 1600, tu rates Mozart. Pas vrai ? Je veux dire, les horreurs aussi s’accumulent, mais personne ne veut mourir avant la fin de l’histoire.
Et avant, je croyais vraiment que nous serions la dernière génération. Lorsque je réfléchissais à la mort, si je m’inquiétais à son sujet, c’était à nous tous que je pensais, à la planète entière. Et maintenant, je me dis non, c’est juste toi, Yale. C’est toi qui vas louper des choses. Je ne parle même pas de la fin du monde – espérons qu’il ait encore un milliard d’années devant lui -, juste des trucs normaux.

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