Les Terres promises, Jean-Michel Guenassia, Editions Albin Michel The Unamed Bookshelf 2021

Plus de dix ans après Le Club des Incorrigibles Optimistes, Jean-Michel Guenassia reprend ses héros pour nous raconter la suite de leurs aventures – et de leurs vies. Avec un ambitieux roman de plus de 600 pages, et qui s’étale sur quarante ans, il nous fait voyager à travers l’Algérie, l’Israël, la Russie et même l’Italie, dans un contexte de guerre froide puis d’écroulement du bloc de l’Est. Impossible de résumer en quelques mots l’intrigue, chaque personnage part de son côté vivre une vie des plus improbables et des plus décousues, c’était une autre époque, me direz-vous.

Etant adepte du style de Jean-Michel Guenassia, et toujours partante pour lire des romans historiques, je dois avouer que je me suis laissée entraîner dans ce nouvel opus plein de circonvolutions. J’ai été ravie de retrouver Michel – même si depuis le temps, j’avais un peu oublié ce qu’il s’était passé dans le tome précédent. Certains passages m’ont passionnée, je me suis laissée embarquer, dans les méandres de la politique algérienne après l’indépendance, dans le parcours de migration d’Igor et Léonid et dans la montée du consumérisme en France dans les années soixante notamment. Comme toujours, c’était riche d’informations, plein de sensibilité et de justesse, avec des personnages complexes aux multiples facettes auxquels on s’attache irrémédiablement.

Malgré ces points positifs, je ne peux m’empêcher de finir cette lecture en y voyant un joyeux bordel. Les trajectoires des personnages semblent difficilement vraisemblables et les sujets de réflexion se succèdent, s’empilant entre les pages sans véritable objet. Religion, politique, corruption, maternité, psychanalyse, société de consommation, solidarité, sens de la vie : on a l’impression que l’auteur a essayé d’en mettre un maximum, histoire de parler au plus grand nombre – mais ça déborde, on ne sait plus quoi en faire, et on est finalement contents quand ça se termine. Peut-être aurait-il fallu faire un peu le tri, se concentrer sur une histoire, couper quelques morceaux de texte ? Toujours est-il que, même s’il y a du bon, cette suite n’est pas à la hauteur du Club des Incorrigibles Optimistes.


Résumé de l’éditeur:

Paris, Alger, Tel Aviv, Saint-Petersbourg. De 1964 à 2007, les rêves des Incorrigibles Optimistes embrassent quatre décennies qui portent en elles toutes les promesses de la Terre et toutes les Terres promises.

Michel Marini a tout juste dix-sept ans et son bac en poche. Il traîne au Cadran de la Bastille, où il joue au flipper en retardant le moment de s’inscrire à la fac. Ses projets ? Rejoindre Camille, partie vivre dans un kibboutz en Israël, découvrir le monde, armé de son Leica, et retrouver Cécile, la bien-aimée de son frère Franck. Communiste convaincu, Franck n’est jamais revenu d’Algérie après sa désertion, préférant consacrer sa vie à changer le monde. Dût-il troquer l’étoile rouge pour le manteau de moine…

Pris dans le tourbillon de leurs amours et de leurs secrets, les derniers incorrigibles optimistes ont tous au cœur les grandes espérances de cette période pleine de tumulte.

De la décolonisation à l’effondrement du bloc soviétique, des mirages de la société de consommation aux tentations mystiques, Jean-Michel Guenassia retrace, avec la puissance et la force qui ont fait le succès phénoménal du Club des incorrigibles optimistes, Prix Goncourt des lycéens, l’épopée intime d’une génération. La fresque vibrante et généreuse d’une époque, le récit magistral de nos illusions.


Combien de livres as-tu lus et combien en liras-tu avant que Dieu te rappelle à lui ? Admettons qu’à partir de l’âge de dix ans, tu lises un livre par semaine, cela n’en fera que cinquante-deux dans l’année. Si Dieu t’accorde une longue vie et une bonne santé, au bout de soixante-dix ans, tu n’auras lu que trois mille six cent livres, à condition de ne pas toucher à ces gros romans français qui demandent à eux seuls une année de concentration au moins tellement ils sont volumineux. D’après toi, combien y a-t-il de livres à lire ? Des millions. Plus que d’étoiles dans le ciel. Combien de centaines de milliers de livres passionnants à côté desquels nous allons passer ? Combien de milliers d’auteurs remarquables dont on ne saura rien, comme s’ils n’avaient pas existé ? Quel gâchis !

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