Pachinko Min Jin Lee The Unamed Bookshelf Japan

Avec Pachinko, Min Jin Lee nous offre une superbe fresque familiale sur plus de quatre-vingt-ans, de l’annexion de la Corée à la progressive ouverture du Japon à la suite de la Seconde Guerre Mondiale. Si l’histoire commence dans la Corée occupée, nos protagonistes arrivent bien vite au Japon, où ils espèrent pouvoir construire une vie plus facile que celle qui leur est réservée dans leur pays d’origine. Mais la désillusion est violente quand Sunja arrive avec son mari, Baek Isak, à Osaka, où l’attendent la pauvreté, la vie dans le ghetto et les discriminations des locaux. Tant bien que mal, Sunja tentera malgré tout de permettre à sa famille de vivre dignement, de s’élever au-dessus de la condition dans laquelle elle-même est née et de se faire une place dans cette société traditionnelle.

Récit sur la résilience, Pachinko raconte les combats d’une femme qui, à travers les guerres, les privations et les humiliations, a toujours travaillé pour permettre aux siens de survivre et de subvenir à leurs besoins. Yangjin, Sunja et Kyunghee sont des exemples de femmes au foyer coréennes, capables de cuisiner d’excellents plats à partir de très peu, soumises à leurs maris tout en soutenant financièrement leur famille par leur ingéniosité et leur capacité de travail phénoménale. Cette détermination à vivre, à fonder une famille coûte que coûte et à se battre est absolument admirable et transparait dans l’ensemble du récit.

Ce livre illustre également la condition des Coréens au Japon, peuple colonisé et relégué aux métiers ingrats ou au bord de la légalité. J’ai trouvé passionnant de découvrir cet aspect de l’Histoire, très peu évoqué dans nos pays. Victimes de nombreuses humiliations, les descendants de Coréens sont systématiquement renvoyés à leur ascendance, bien que beaucoup soient nés au Japon et y aient vécu toute leur vie. Comme la famille de Sunja, les Coréens qui ont émigré au Japon pendant la Guerre du Pacifique ne se retrouvent plus dans les deux Corées telles qu’elles existent aujourd’hui, et n’envisagent pas de retourner dans leur pays d’origine. Pour autant, leur vie au Japon reste similaire à un jeu de pachinko, où le hasard fait sa loi et il y a plus de perdants que de gagnants…


Résumé de l’éditeur:

Début des années 1930.

Dans un petit village coréen, la jeune Sunja se laisse séduire par les belles paroles et tendres attentions d’un riche étranger. Lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte et que son amant est déjà marié, elle est confrontée à un choix : devenir, comme tant d’autres jeunes femmes dans sa situation, une seconde épouse, une « épouse coréenne » ou couvrir sa famille de déshonneur. Elle choisira une troisième voie : le mariage avec Isak, un pasteur chrétien qu’elle connaît à peine et qui lui offre une nouvelle existence au Japon. Cette décision est le point de départ d’un douloureux exil qui s’étendra sur huit décennies et quatre générations.

Avec une justesse historique remarquable et une écriture précise et dépouillée, Min Jin Lee nous offre, à travers un siècle de relations nippo-coréennes, un hymne intime et poignant à tous les sacrifices que font les immigrés pour trouver leur place en pays étrangers.


Noa avait remarqué sa belle calligraphie sur les dossiers avant même de remarquer sa personne. Il était fort possible qu’il soit tombé amoureux de son chiffre deux, dont les traits parallèles exprimaient une liberté de mouvement à l’intérieur de la case invisible qui contenait l’idéogramme. Si Rita rédigeait même le plus ordinaire des mémos, Noa s’arrêtait pour le lire une seconde fois, non pas pour son contenu, mais parce qu’il percevait l’esprit dansant derrière la main qui avait tracé de si élégantes lettres.

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