
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu un bon roman d’apprentissage à l’ancienne comme celui-ci – et quel plaisir de se replonger dans le temps long de l’enfance, de s’émerveiller de mille et une petites choses et de grandir au rythme de saisons comme les petits garnements du récit ! Entraînés dans les pas d’Eustache et Hilda, nous suivons leurs péripéties d’enfants bien élevés lors de leurs séjours sur la côte britannique, alors que les hasards de la vie transforment à jamais leur relation à l’autre et les amènent à entrevoir un avenir où chacun irait de son côté. Ecrasés par les convenances et les attentes que les adultes ont pour eux, Eustache et Hilda tentent de vivre une enfance insouciante malgré le poids pesant sur leurs frêles épaules.
Dans le style typiquement britannique des romans du XXème siècle, Leslie Pole Hartley nous offre un doux roman au rythme lent et à l’analyse psychologique finement détaillée, inspectant dans les moindres détails les pensées et les ressentis du petit Eustache. Digne produit de son époque, celui-ci, alors qu’il n’a que neuf ans au début du récit, doit composer avec l’attitude autoritaire de sa soeur, dont il n’a que peu conscience, et les attentes explicites de son père, qui lui a déjà bien fait comprendre qu’il devrait faire carrière pour maintenir la famille à flot. La crevette et l’anémone marque un tournant dans la vie d’Eustache, qui renverse sa situation en découvrant d’abord les délices de la rébellion, et ensuite les enchantements que permet l’argent.
Ce petit livre est comme un bol d’air frais nous venant tout droit des côtes anglaises, où nous renouons avec de petites joies enfantines et de petits tracas vite oubliés, tout en nous immergeant dans les remous domestiques des familles puritaines du siècle dernier – rafraîchissant et caustique, ça se lit d’une traite !
Au début du XXe siècle, dans une petite ville anglaise bourgeoise et puritaine du bord de mer, Eustache et Hilda s’abandonnent aux plaisirs des jeux de plage. Eustache, délicat et sensible, est totalement dominé par sa sœur aînée Hilda, maternelle et passionnée. Un jour, Hilda pousse Eustache à aborder l’étrange Miss Fothergill, vieille et défigurée, qui se promène le long de la falaise. Eustache, qui vit dans une sorte de cocon où rien de ce qui est laid n’a sa place, est terrifié à l’idée de cette rencontre. Pourtant, il y sera contraint, et sa vie ainsi que celle de sa famille en seront bouleversées.
Ce volume, complété de La Lettre d’Hilda, met en scène les principaux protagonistes d’une trilogie romanesque qui conduit Eustache et Hilda de l’enfance à la maturité. La sensibilité et la finesse si caractéristiques de l’œuvre de L.P. Hartley sont ici amenées à leur point culminant.
A mesure que leur terrible signification s’évaporait, les mots semblèrent rétrécir, s’amenuiser, telles les majuscules d’une phrase en capitales ramenées au type le plus commun de minuscules. Totalement insignifiantes, elles ne voulaient presque plus rien dire du tout, et la chose qui s’était enflée en Eustache comme une tumeur s’étrécit et s’amenuisa avec elles.
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Je ne connaissais pas, mais tu me donnes hyper envie de découvrir ce roman. un grand merci !
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