Maritimes, Sylvie Tanette, Editions Grasset, The Unamed Bookshelf

Maritimes, c’est l’histoire d’un rocher perdu au beau milieu de la Méditerranée, habitée par des créatures venues un beau jour des profondeurs de la mer pour s’y installer. Isolé du continent, ce peuple d’insulaires vit à son propre rythme et selon ses propres lois. Aussi, quand Benjamin, étrange jeune homme fraîchement débarqué du bateau-navette, demande à s’installer sur place, personne ne pose de questions. Quand il s’éprend de la jeune Michaëla, tout le monde se réjouit et les villageois se mobilisent pour organiser une belle fête. Sur ce petit rocher, on oublierait presque la dictature qui sévit de l’autre côté de la mer – si seulement elle ne revenait pas hanter les lieux de temps à autres…

Comme un rêve éveillé, Maritimes nous transporte en d’autres temps et d’autres lieux, avant le tourisme de masse, quand l’hospitalité voulait encore dire quelque chose. Bercés par les contes ancestraux, les habitants de l’île se tiennent à l’écart du continent dont ils dépendent, profitant de la quiétude des jours passés au café du village et sur leurs barques de pêche. Revendiquant leur insoumission, ils imposent aux officiels leur volonté : garder leur paix et leur tranquillité. Nombreux sont ceux qui ont quitté l’île pour faire fortune ailleurs, et parmi eux, certains reviennent goûter à ce petit paradis perdu, où le temps est comme suspendu.

Condensés en quelques pages, les souvenirs épars du vieux narrateur nous emmènent à la dérive, racontant les moments tragiques, puis drôles, de cette île immémoriale. Oscillant entre réalité et imaginaire, il nous laisse entendre que nous, continentaux ou touristes occasionnels, ne comprendront jamais vraiment leur vie d’insulaire. C’est dépaysant, beau et touchant.


Résumé de l’éditeur:

Une île perdue en Méditerranée. Des collines, des oliveraies et, au fond d’une crique rocheuse, un village paisible avec son port minuscule. Depuis toujours, sa poignée d’habitants se tient à distance du continent… Ils racontent que de mystérieuses créatures marines veillent sur eux.
Assis sur un banc face à la mer, un vieillard se souvient. C’était l’époque de la dictature. Un jour, un jeune inconnu à l’allure de dieu grec, Benjamin, avait débarqué sur l’île.  Il était en fuite, tous s’en doutaient mais nul, jamais, ne lui a demandé de comptes. Benjamin s’est installé dans une maison en ruine, sur un promontoire isolé où bientôt le rejoint Michaëla, fille de l’île et de la mer. Mais la haine qui ravage un continent peut frapper un bout de terre qui se croit à l’abri du monde.
Une puissante histoire de résistance et d’indocilité qui est aussi un appel à l’attention envers la nature et à la force de la fraternité. L’évocation poétique et solaire d’une mythologie méditerranéenne éternelle et celle d’une mémoire chargée de chagrin. On n’oubliera pas la vision de Michaëla et Benjamin, de leur amour éperdu, fracassé par l’horreur de la dictature. 


Je me souviens parfaitement du moment où, avec mes frères, nous en avons eu assez de vivre dans les profondeurs. Nous nous sommes concertés et nous avons décidé de quitter la compagnie des créatures marines. Nous avons d’abord nagé des jours entiers sous l’eau puis enfin nous avons aperçu des rochers qui transperçaient la surface. Grâce à eux, nous nous sommes hissés à l’air libre et pour la première fois nous avons vu la mer depuis l’extérieur. Le soleil était en train de se coucher, jamais il ne nous avait été donné de contempler un spectacle plus magnifique, la lumière dispersée en mille scintillements sur les vagues. Ce premier soir nous sommes restés sur nos rochers, émerveillés, et nous avons décidé de nous établir ici. Je me souviens que nous avons construit le village pierre à pierre. Les créatures marines nous appelaient mais nous avons refusé de les écouter.

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