Rien que le soleil, Lou Kanche, Editions Grasset, Rentrée littéraire 2021, The Unamed Bookshelf

Professeure au lycée de Garges-les-Gonesse, Norah Baume mène une vie monotone et attendue. En rentrant chaque soir, elle retrouve Paul, leur chat et leur appartement décoré avec goût, quand elle ne retrouve pas ses deux amis Rose et Simon pour un verre. Profondément ennuyée par ce quotidien insipide, Norah se surprend à rêver d’un de ses élèves, Sofiane : « je me demande s’il a conscience de la sa beauté , de son corps, de l’harmonie de l’ensemble. » S’en suit une lente descente aux abîmes, où Norah s’enfuit, se perd pour mieux se retrouver.

Rien que le soleil, premier roman de Lou Kanche, questionne le déterminisme social, les carcans qu’on s’impose alors qu’ils sont loin de tout ce qu’on a envie, notre façon de nous plier à des obligations familiales, amoureuses, professionnelles, amicales, sociétales complètement absurdes et limitantes. Norah se coule dans une vie qui ne lui correspond pas, par conformisme, par manque d’éclat, par manque d’ambition peut-être aussi. Comme dans Feu, de Maria Pourchet, Lou Kanche explore ici les mécanismes qui nous amènent à nous effacer, à nous réduire, à gommer nos aspérités pour entrer dans le moule social qu’on nous impose. Ici, l’autrice montre comment l’inconscient, nos rêves, nos pulsions, permettre de nous rendre à nous-mêmes, à retrouver ce que l’on veut vraiment, à vivre pleinement.

Parce que c’est finalement quand elle se laisse guider par son désir, « je comprends qu’il n’existe pas d’éclaireurs plus nobles que nos propres désirs, » que Norah retrouve le chemin d’elle-même. Son désir l’amène loin, sur les rives de la Méditerranée, dans les bras de Freddy, dans le lit d’hommes plus ou moins recommandables. Mais il l’amène à lâcher prise, à tourner le dos à tout ce qu’elle a pour mieux comprendre ce qu’il lui faut vraiment, ce que veut dire, pour elle, vivre.


Résumé de l’éditeur:

C’est l’hiver. Jeune enseignante mutée à Garges-lès-Gonesse, Norah Baume s’ennuie. Bien sûr, il y a Paul, le chat, le vin, Venise, la peinture et les songes, mais ça n’est pas assez. Alors, au fond de la classe, une perspective : Sofiane, première technologique. Survêtement, beau visage, insolence. Un lien se tisse. Jusqu’au jour où, hantée par le désir de transgression, Norah prend la fuite. C’est le printemps. Sur les quais du Vieux-Port de Marseille, elle croise Freddy, figure de son enfance, et découvre avec lui un univers interlope, des deals, des squats, une jeunesse masculine qui clope sur les plages. Le soleil brûle déjà. C’est bientôt l’été. Norah est seule, elle rêve : sur le pont du ferry pour Alger, la mer s’ouvre, la ville blanche apparaît, ultime ailleurs…
 
La tentative d’évasion d’une femme en quête d’elle-même, libre et romantique, indécise et passionnée. Dans une langue d’une puissante tension charnelle, Lou Kanche dit l’incertitude de l’époque et de la jeunesse, le vertige de l’impossible, les contradictions entre confort et attrait des lointains. Norah Baume ou la puissance du désir, qui contient toutes les échappées possibles, tous les rêves et toutes les sensations nouvelles.


Quel arrachement, l’adieu à l’enfance, je ne savais pas qu’en quittant toutes mes assises il faudrait en plus me déplacer à l’aveugle dans un monde incertain. Quel mensonge, l’adieu à l’enfance, quelle pure perte ! Pure car il reste l’image, on conserve l’image et elle se détache, par bouts, dans le fond noir du passé. J’ai perdu les mythologies, j’ai perdu les parents, j’ai perdu le petit frère, j’ai perdu l’espace circonscrit, aujourd’hui déformé à l’infini, distendu, c’est le monde qui s’étend plein de possibilités fantômes, j’ai vingt-six ans et je voudrais retourner dans le lit où j’ai vécu mes premiers rêves.

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