L'arbre ou la maison, Azouz Begag, Editions Julliard, Rentrée littéraire 2021, The Unamed Bookshelf

Dans ce roman aux accents autobiographiques, Azouz Begag raconte le voyage en Algérie qu’il a fait avec son frère Samy, arboriculteur. Suite au décès de leur mère, Azouz parvient à convaincre son frère de l’accompagner à Sétif, où se trouve encore la maison familiale, sous-louée à des locataires semble-t-il peu respectueux de l’héritage de leurs parents. Ce qu’il ne lui dit pas, c’est qu’il espère aussi y retrouver Ryme, son amour oublié au pays, orpheline recueillie par sa mère après l’assassinat de ses parents. Les deux frères débarquent en plein Hirak, ou Lirac comme l’écrit l’auteur pour nous en faciliter la prononciation, le « printemps arabe » du pays, et voient leurs souvenirs d’enfance pris dans la tourmente des événements.

Jouant sur les mots, utilisant les expressions lyonnaises pour créer des images inhabituelles, jonglant avec les métaphores pour ajouter une touche d’irréel à son récit, Azouz Begag nous offre un récit touchant, plein de sincérité. Parfois maladroit et obscur, son style n’en est pas moins émouvant, riche de sentiments et de réflexions universelles. On ne sait pas tellement ce qui relève du réel ou de la fiction, mais toutes les anecdotes sont singulièrement bien choisies, jusqu’aux noms des personnages, qui contiennent souvent une subtile touche d’humour.

Après avoir lu J’ai couru vers le Nil d’Alaa el-Aswany, qui raconte les soulèvements populaires en Egypte, j’ai apprécié d’avoir ici un aperçu de ce mouvement en Algérie. Azouz Begag ne cherche pas l’exhaustivité, le point de vue qu’il restitue est avant tout personnel : il raconte les manifestations à travers son regard de « bi » Franco-Algérien, un observateur extérieur somme toute, malgré toute sa volonté d’être intégrée dans la liesse populaire. Personnifiée dans la flamboyante Ryme, la révolution nous transporte et nous émeut, on s’émerveille de cette femme enfin libérée de ses entraves, enfin capable d’élever la voix pour se défendre et enfin suffisamment indépendante pour se passer d’un homme. Un beau personnage, décidément au centre du récit et qui fait tout son charme.


Résumé de l’éditeur:

Après des années d’absence et la mort de leur mère, deux frères lyonnais, Azouz l’écrivain et Samy l’arboriculteur, binationaux franco-algériens, décident de rentrer quelques jours à Sétif, le temps de nettoyer les tombes de leurs parents et de vérifier l’état de la maison familiale. Tandis que Samy bougonne à l’idée de remettre les pieds dans cette ville où il n’a plus de repères, Azouz est impatient d’assister à la révolution démocratique qui secoue le pays. Par-dessus tout, il espère retrouver Ryme, la femme qu’il aime depuis toujours, son cordon ombilical avec la terre de ses ancêtres. Mais à Sétif, Samy et Azouz ne reconnaissent plus rien, et aux yeux des locaux, ils sont devenus des étrangers, des bi. Quant à Ryme, l’amour de la liberté lui a donné des ailes, comme à son peuple. L’aura-t-elle attendu ? Il n’y a que le bel arbre planté par leur père devant la maison, un demi-siècle plus tôt, qui n’a pas changé de place. Mais il a tellement grandi que ses racines en menacent les fondations. Les deux frères se retrouvent ainsi face à un dilemme : garder l’arbre ou la maison.
Dans ce roman pétri de tendresse et d’humanité, Azouz Begag confronte, avec un irrésistible sens de l’humour, la nostalgie de l’enfance à la réalité d’un pays en pleine effervescence, résolument tourné vers l’avenir.


Bien sûr, des garçons l’avaient approchée avec des poèmes, des chansons et des « je t’aime », mais elle s’en était désintéressée. Leur prose était dérisoire. Alors, elle s’était repliée sur les livres pour y chercher une vie de fiction. Chaque fois qu’elle entrait dans un chapitre pour se faire la belle, elle s’en sortait un peu plus. Il lui suffisait de tourner les pages pour trouver la lumière.

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