
Le Chardonneret est de ces livres qui ne se résument pas. Ça commence par une explosion dans un musée, un garçon perd sa mère et gagne une peintre inestimable. Mais ce qui est intéressant, c’est tout ce qui se passe après : sa quête impossible d’un foyer accueillant où grandir, son errance dans sa vie personnelle et professionnelle, ses fréquentations plus ou moins recommandables qui auront une influence non négligeable sur sa vie, son angoisse insurmontable de revivre cet accident, et tous les autres détails que Donna Tartt convoque dans ce récit pour lui donner une profondeur sans fond. Certains trouveront peut-être que 1 100 pages c’est beaucoup trop et qu’il n’est pas forcément nécessaire de rentrer à ce point dans la psychologie du personnage. Pour ma part, j’ai adoré me noyer dans les pensées vacillantes de Theo, le suivre sur les routes douteuses qu’il choisissait plus ou moins consciemment d’emprunter, le supporter quand il partait dans des élans de nostalgie maladive.
Roman d’apprentissage halluciné et émouvant, Le Chardonneret est une parfaite réussite en son genre, il suffit juste de se laisser emporter par le style envoûtant de l’auteure. Alors qu’elle oscille constamment entre l’improbable et le probable, Donna Tartt réussit à donner à son récit l’aspect d’une histoire vraie, comme si Theodore Decker pouvait à tout moment pousser la porte de chez vous tandis que vous êtes confortablement installé sur votre canapé en train de lire. Rien n’est évident pourtant dans ce livre, on s’attend à tout, sauf à ce qu’il se passe vraiment, on se laisse déborder par la noirceur de ce personnage pourtant si candide, perclus de paradoxes et pourtant si attachant.
Finalement, l’intrigue n’est même pas l’attrait principal de ce livre et c’est peut-être précisément pour ça que suis incapable de résumer. Ce qui m’a frappé surtout, et qui revient en flashs quand je repense à cette histoire, c’est l’obstination d’un garçon contre qui le destin s’acharne, sa capacité à continuer à avancer face à l’inéluctable incertitude de la vie. Vous l’aurez compris, j’ai vraiment aimé ce livre.
C’est un minuscule tableau de maître. Un oiseau fascinant. Inestimable.
La raison pour laquelle Theo Decker, 13 ans, s’est retrouvé en possession de ce chef-d’œuvre de l’art flamand est une longue histoire… Un hasard qui, huit ans après ce jour tragique de pluie et de cendres à New York, l’obsède toujours autant. Des salons huppés de Manhattan aux bas-fonds mafieux d’Amsterdam ou de Las Vegas, Le Chardonneret surveille l’effroyable descente aux enfers de Theo et préside à son étrange destin…
Que fait-on quand on est la victime d’un cœur périlleux ? Que fait-on si ce cœur, pour ses propres raisons insondables, vous mène délibérément vers une nuée au rayonnement ineffable, loin de la santé, de la vie domestique, de la responsabilité civique, vous déconnecte de tout ancrage social, de toute vertu platement commune et, au lieu de cela, vous conduit droit vers un éblouissant incendie, tout de ruine, d’immolation et de désastre ? Kitsey est-elle un bon choix ? Si votre moi le plus profond chante et vous amadoue pour vous guider directement vers le feu de joie, vaut-il mieux tourner les talons ? Se boucher les oreilles avec de la cire ? Ignorer toute la gloire perverse que vous crie votre cœur ? Prendre la voie qui vous mènera consciencieusement vers la norme : horaires raisonnables et check-up médicaux réguliers, relations stables et avancements de carrière, New York Times et brunch du dimanche, tout cela assorti de la promesse de devenir, on ne sait comment, une meilleure personne ? Ou, comme Boris, est-ce mieux de foncer tête baissée, dans un éclat de rire, dans la fureur sacrée qui vous appelle ?
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Il a laissé un sacré souvenir dans ma mémoire… tu verras, on ne l’oublie pas.
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J’en suis sure !
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