Galerie des Glaces, Eric Garandeau, Editions Albin Michel, Rentrée littéraire 2021, The Unamed Bookshelf

Lorsque le directeur de la Manufacture des glaces meurt subitement dans un accident d’avion, le monde entier se demande s’il n’a pas été assassiné. Pour obtenir des réponses, la veuve embauche un ancien inspecteur excessivement attentif aux détails devenu détective privé, Gabriel Thaumas. Entre Lagos, Versailles et Venise, son enquête l’entraîne jusqu’aux tréfonds de ces villes-marécages qui n’auraient jamais dû voir le jour, mais que les sursauts de l’Histoire et la folie des hommes ont façonnées. La mort du Prince ne serait-elle pas directement liée à ces rêves de grandeur ?

Eric Garandeau nous sert ici une sorte de polar historique sacrément bien renseigné, où il nous fait tourner en bourrique pour le plaisir de pouvoir nous balader entre les siècles. L’intrigue tient plus ou moins la route, même si on passe une bonne partie du livre à se demander où il veut en venir, mais ce qui est intéressant ici, c’est surtout les secrets historiques qu’elle explore. Enlèvements, assassinats, magie noire, vengeance, secrets d’Etat et magouilles au plus haut niveau : l’Histoire de France, et surtout celle du palais du Roi Soleil n’est pas aussi reluisante que l’on ne pense…

Ce récit est également un prétexte à étudier de plus près l’improbable faculté des hommes de pouvoir à façonner le monde selon leurs délires mégalomaniaques, allant jusqu’à ériger des tours de verre en plein milieu d’un marécage à l’autre bout du monde, essayant sans cesse de concurrencer les splendeurs d’antan pour laisser leur nom dans les annales. Versailles et son palais gigantesque, Lagos et ses tours de verre improbables, Venise et ses miroirs secrets, trois villes sorties tout droit de l’imagination des hommes : mais à quel prix ?


Résumé de l’éditeur:

Trois femmes et trois hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Trois villes qui n’auraient jamais dû exister et dessinent, du XVIIe à l’aube du XXIe siècle, le nouveau triangle des Bermudes. De Venise à Lagos en passant par Versailles, entre malédiction, magie noire, sociétés secrètes et jeux de pouvoir, la terre est une étuve et des lagunes filandreuses ramènent le passé à la surface. On se perd pour mieux se retrouver dans une galerie aux 360 glaces où retentit l’écho du Magnificat de Monteverdi.


Galerie des Glaces est un roman contemporain dont l’Histoire est l’héroïne, un kaléidoscope qui explore la mondialisation en remontant à sa source : Venise ou l’invention du commerce, Versailles ou l’invention industrielle, Lagos ou la ville-monde.


La tour de Cristal n’était pas la galerie des Glaces, Valode n’était pas Le Vau, ni Pistre, Mansart. On voyait quand même l’intention des architectes : redresser le chef d’oeuvre de Versailles comme on redresserait un obélisque, offrir au monde une galerie des Glaces verticale. Avec une différence de nature : Versailles était une forêt, La Défense était une dalle de béton, trois siècles avait suffi à transformer le jardin d’Eden en Anthropocène et l’éthique des Lumières en esthétique bling-bling.

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