
Après la trilogie Les Enfants du Désastre, entamée par Au revoir là-haut et terminée par Miroir de nos peines, c’est peu dire que Pierre Lemaitre était très attendu pour son grand retour sur la scène du roman historique. Petit saut dans le temps, on arrive avec Le Grand Monde dans les Trente Glorieuses, bien entendu pas si glorieuses du point de vue de l’auteur qui, comme à son habitude, vient chercher la petite bête et nous dévoile les dessous les infâmes de l’Histoire de France. Pour ça, direction l’Indochine avec Etienne Pelletier, membre de l’éminente famille Pelletier installée au Liban, bien connue pour ses savons. Propulsé hors de son petit confort familial douillet, Etienne se retrouve mêlé aux sombres magouilles autour de la piastre, monnaie indochinoise permettant aux colons français de s’en mettre plein les poches pendant que leurs soldats se font torturer par le Viet Minh à quelques kilomètres.
Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise de cette intrigue rocambolesque qui n’a cessé de m’étonner, et m’en vais de ce pas vous parler de ceux qui donnent décidément tout leur charme aux romans de Pierre Lemaitre : les personnages. Odieux, attachants, irritants, désespérants, ils sont absolument tout à la fois, et recouvrent avec beaucoup de pertinence une bonne partie de la race humaine. Ici, le personnage le plus réussi est sans conteste celui de Geneviève, un vraie pimbêche incompréhensible qui a plus d’un tour dans son sac, et qui nous laisse sans voix du début à la fin.
Une fois encore, c’est un pari sacrément réussi à mon sens pour Pierre Lemaitre, qui s’arrange pour nous en apprendre des vertes et des pas mûres sur notre beau pays, nous faire rigoler un bon coup avec ses personnages improbables, et raccrocher les wagons avec le reste de son oeuvre d’une manière sacrément habile ! Il n’y a plus qu’à attendre la suite – espérons que ça ne soit pas trop long.
La famille Pelletier
Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible.
Et quelques meurtres.
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.
Entre la terrasse du Métropole et celle du Cristal Palace, vous avez tout ce qui importe à Saïgon. Diplomates sur le retour, aventuriers, séducteurs, banquiers corrompus, journalistes alcooliques, prostituées et demi-mondaines, aristocratie française, communistes masqués, planteurs richissimes, tout est là. L’erreur serait de croire que Saïgon est une ville. C’est un monde à part entière. La corruption, le jeu, le sexe, l’alcool, le pouvoir, tout s’y donne libre cours sous l’autorité de la déesse absolue, celle que tout le monde révère, à savoir Sa Majesté la Piastre !
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