
Les Wolf sont au centre de la scène artistique depuis des dizaines d’années, leurs toiles s’arrachent et occupent une bonne place dans les plus grands musées du monde. Couple emblématique de la fin de la Guerre Froide et de la réunification des blocs de l’Est et de l’Ouest, ils pourraient être incroyablement médiatisés – mais c’est sans compter la misanthropie maladive de Peter Wolf, qui préfère, aux dires de son épouse, rester chez lui, reclus, à travailler. C’est finalement à la suite de plusieurs événements où la vanité des hommes a repris le dessus que le doute apparaît : Peter n’aurait-il pas disparu ? Ou pire, été assassiné par son inflexible épouse que, bizarrement, tout ce petit monde de l’art exècre ?
Heureux mélange que celui proposé par Sophie Pointurier, qui mêle très habilement dans son roman le contexte historique complexe, l’histoire d’amour bancale des Wolf, le suspense liée à la supposée disparition du personnage principal et des réflexions très à propos sur la place des femmes artistes dans le monde fermé de la création artistique. Le tout fonctionne excessivement bien, au point de m’avoir entraînée à dévorer les deux cent premières pages du livre en quelques heures ! Elle nous tient en haleine, parvient à nous faire rire, à nous instruire et à garder habilement dissimulée une réalité qui se cache finalement sous notre nez. Soyons clairs, c’est un récit excessivement addictif.
Pourtant, après cette première remarque plutôt positive, je me dois de nuancer mon avis. Autant les trois premiers quarts du livre m’ont totalement convaincue, autant le tout dernier quart m’a laissée sur ma fin. Le dénouement est traité de manière très rapide, ce qui m’a laissé un sentiment d’inachevé après avoir passé autant de temps à essayer de comprendre où l’autrice m’emmenait. J’ai refermé le livre avec le sentiment de ne pas avoir totalement bien compris le dénouement, et c’est bien dommage pour un récit aussi prometteur. Une petite réserve donc, mais qui n’empêche que je garde un bon souvenir de cette lecture !
Peter et Petra Wolf forment le couple le plus en vue de la scène artistique allemande depuis les années 1990. Il est l’artiste maudit de l’Est dont on a perdu la trace, elle est l’ancienne professeure d’arts plastiques venue de l’Ouest que le petit monde de l’art envisage comme la gardienne du génie de son homme. Une femme sans talent qui divise dans un pays coupé en deux.
Trente ans après la chute du Mur, alors qu’une biographie est en préparation au sujet du duo culte, un mystère plane sur les circonstances de la disparition de Peter. Et la perspective d’une actualité brûlante crée du remous dans le circuit des musées.
Qui a tué le peintre ? Usurpation d’identité, fraude, faux et usage de faux : tout accuse Petra.
L’enquête, entre Paris, Berlin et New York, révélera ce que la légende, jusque-là, avait tu.
– Attention, je parle de citer plus de dix artistes connues et reconnues, voire exposées dans un musée, un vrai… Ces gens vous répondent toujours les mêmes…
– Oh oui, dit Soledad, je fais souvent ce petit jeu en pensant à toi. C’est toujours Saint Phalle, Frida Kahlo et Louise Bourgeois. Après, ça coince. Tamara de Lempicka pour les fondus d’Art déco, et j’ai entendu Artemisia une fois. Ah si, les Allemands parlent de Käthe Kollwitz, mais à Berlin seulement. On me sort Sophie Calle aussi. Et puis, en général, ça s’arrête là.
– C’est dramatique ! C’est vraiment dramatique.
Véra continuait, imperturbable :
– Partout, à Paris, Pékin, Buenos Aires… Il y a cette réaction universelle qui mène à la question ultime : les femmes ont-elles du talent ? Là je n’ai pas le temps d’y répondre, enfin, si, en fait : non, elles n’ont pas moins de talent.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Tagué:Art, Artiste, Berlin, Féminisme, Guerre froide, Harper Collins, Janvier 2022, Peinture, RDA, Sophie Pointurier
Un très bon moment de lecture !
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