Oublier les fleurs sauvages, Céline Bentz, Préludes Editions, The Unamed Bookshelf

Grandir dans un pays déchiré continuellement par la guerre civile, tout en portant sur ses épaules tous les espoirs de réussite de ses parents – tel est le destin d’Amal, jeune fille libanaise au cœur de ce roman librement inspiré de l’histoire familiale de l’autrice. Au quotidien, elle se dédie à ses études, malgré la précarité dans laquelle vit sa famille, l’angoisse latente liée à la guerre civile et à l’engagement politique de son frère. Dans son esprit, un seul objectif : partir en France étudier la médecine pour devenir pédiatre. Alors qu’elle touche son rêve du doigt, elle tombe amoureuse d’un chrétien maronite, et s’engage sur la pente glissante d’une relation défendue par les siens. Cernée par les interdits des uns et les attentes des autres, Amal va tant bien que mal tracer son chemin entre les deux pays, les deux cultures, les deux mondes auxquels elle finit par appartenir, d’une côté le Liban qui l’a vue grandir, de l’autre la France, terre d’accueil et de paix.

Oublier les fleurs sauvages est un très joli premier roman sur le déracinement des jeunes libanais qui ont, pour beaucoup, cherché asile ailleurs pendant la guerre civile (et probablement encore aujourd’hui) pour effectuer leurs études. L’autrice nous montre bien la difficulté de son héroïne à s’adapter à son nouvel environnement, à composer avec ses parents restés au Liban, enferrés dans leurs traditions, illettrés tous les deux mais ayant tout donné à leurs enfants pour leur permettre de réussir dans la vie. Rien que son nom Amal, qui signifie « espoir », exprime bien les attentes qui pèsent sur ses frêles épaules.

Malgré une intrigue parfois un peu lente et prévisible, ce récit est particulièrement intéressant pour son contexte historique, pour les détails sur les luttes armées récurrentes ayant eu lieu au Liban dans les années 1980, et pour l’aperçu qu’il donne de la vie des familles pauvres restées sur place. Ce livre nous offre des clés pour comprendre un conflit d’une grande complexité, et une culture d’une encore plus grande richesse, malmenée par les luttes intestines – et c’est vraiment passionnant.


Résumé de l’éditeur :

Dans la famille Haddad, on sait qu’il faut beaucoup de courage et de détermination pour échapper à un destin que l’on n’a pas choisi. C’est ainsi que les parents ont élevé leurs sept enfants; mais des quatre filles, c’est sur l’espiègle et intelligente Amal que leurs espoirs reposent: elle ira faire ses études en France, horizon lointain qui la fait rêver depuis toujours. Jusqu’au jour où la jeune fille croise la route du beau Youssef aux yeux vairons, un homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer…
Des rues d’un pays coloré et instable aux pavillons de la banlieue de Nancy, de la chaleur du Liban aux hivers froids de l’Est de la France, après bien des obstacles, entre extase et violence, Amal connaîtra le goût amer de l’exil mais aussi celui, infini, de la liberté.

Inspiré librement de son histoire familiale, Céline Bentz raconte à travers une quête émouvante l’histoire hors du commun d’une femme déchirée entre deux pays. Un premier roman remarquable, porté par une écriture énergique et habitée, qui est aussi un magnifique hommage au Liban.  


Partant de là, la guerre à tout prix n’avait plus de sens. La lutte, les idéaux, les grands combats des Musulmans comme ceux des Chrétiens devenaient vains. Extraire un ennemi de son milieu en estimant que c’était peut-être un homme de bien rendait impossible la systématisation et l’essentialisation qui justifiaient la guerre. D’une certaine façon, Youssef, Yacine et Salima avaient dû le comprendre et l’accepter en rejoignant un parti qui faisait si peu de cas des origines confessionnelles. Mais ce qu’ils n’avaient pas saisi pour autant, c’est qu’il était absurde de se poster quelque part pour tirer sur un combattant au seul motif qu’il portait le mauvais uniforme, ou le mauvais brassard. Considérer qu’il fallait prendre les gens un à un, pour ce qu’ils étaient – indépendants de leurs appartenances -, c’était un ces temps-ci devenir terriblement relativiste. Cesser de penser par assignation, c’était rendre l’action politique et militaire impossible, parce que, derrière tout militant, soldat, idéologue, croyant, pèlerin, se cachait un homme qui avait peut-être bien plus de valeur que les slogans et les couleurs qu’il arborait.

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