
Nous connaissons tous le nom d’Hiroshima, cette ville du Japon détruite par les Américains en 1945 pour mettre fin à la guerre, première victime de la bombe atomique tout juste inventée. Nous avons tous vu les images de ce champignon de fumée irréaliste, s’élevant haut dans le ciel après le largage de cet engin de mort. La question qui demeure, et que Sébastien Spitzer pose dans son livre, est la suivante : comment a-t-on pu en arriver là ? Qui a bien pu faire quelque chose d’aussi horrible ? Les pilotes qui ont largué cette bombe savaient-ils ce qu’ils allaient infliger à ces centaines de milliers de civils qui n’avaient rien demandé ?
A travers l’histoire (romancée) de Claude Eatherly, Sébastien Spitzer évoque la petite histoire autour de ce moment-clé de la grande Histoire, l’histoire de ces hommes envoyés à l’aveugle pour commettre l’attaque la plus meurtrière de l’histoire du monde, assassinant d’une seule pression d’un bouton près de 200 000 personnes. Il s’intéresse aussi à l’histoire de leurs femmes, épouses et mères, restées au pays, les considérant comme des héros, et retrouvant des hommes brisés, repentants, de plus en plus conscients de l’horreur qu’ils avaient fait s’abattre sur la vie de ces civils japonais. Ce n’était bien sûr pas le cas de tous, mais Claude Eatherly est bien connu pour avoir été de ces hommes devenus fous à la suite de leurs faits d’armes, et Sébastien Spitzer comble ici les trous de son histoire, comme il l’a si bien fait dans ses romans précédents, en donnant corps à sa folie, en lui attribuant un nom, une histoire, une réalité : celle d’une femme défigurée à Hiroshima.
L’ensemble de ce récit, et sa construction en flash-back, rend sa lecture particulièrement addictive. Non qu’il se passe beaucoup de choses, mais la tension dramatique est vive, les personnages attachants et complexes, la toile de fond historique particulièrement convaincante. Résultat : l’histoire a beau être sacrément plombante (on parle quand même de la culpabilité d’un homme responsable de millions de morts), on continue à lire, les yeux écarquillés par l’horreur, le coeur serré devant l’innocence de ces soldats qui voulaient faire leur devoir et rentrer couverts de gloire, l’estomac retourné par l’injustice infligée aux habitants d’Hiroshima. Je n’ai qu’un regret, c’est cette fin sans dénouement, cette fin laissée ouverte par l’auteur, qui ne nous dit pas, finalement, ce qu’il advient des personnages principaux.
Voici l’histoire vraie du jeune pilote Claude Eatherly qui, le 6 août 1945, a participé au bombardement d’Hiroshima. Démobilisé, il est accueilli en héros mais s’enferme dans le mutisme. Une étrange voix le hante. Qui est-elle ? Que veut-elle ? Et si c’était la voix de sa conscience ? Tandis que les autorités le font passer pour fou, Eatherly entraîne sa femme et ses enfants dans une chute inexorable.
La Revanche des orages est un roman sur la gloire et le remords, ou le portrait profondément humain d’un héros malgré lui. On retrouve le souffle romanesque de l’auteur de Ces rêves qu’on piétine, prix Stanislas, prix Roblès, traduit en plusieurs langues, et du Cœur battant du monde, finaliste du Goncourt des Lycéens.
Pourquoi faut-il toujours que les autres vous préviennent qu’aux heures sublimes succéderont les peines ? Pourquoi faut-il toujours qu’on caviarde son présent par des futurs fébriles ? Elle avait bien assez de la réalité pour se soucier de connaître les nuances du possible. Le mystère n’est pas une idée de presbytère. C’est un torrent puissant dont le grondement est sourd à celui qui pense trop et qui peut être doux à ceux qui osent agir. Il faut tenter sa chance, affronter le hasard. La pensée fige. La vie remue. Les rêves enragent. Les jours diluent. Dire, c’est renoncer à ce qui n’a pas pris forme. Laisser faire, c’est inviter le mystère à tromper l’attendu. Anna a laissé faire. Elle a dit oui à tout, au mariage, à l’enfant, à l’avenir meilleur, et s’est retrouvée là.
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