La Poupée qui fait oui, Harper Collins Traversée, Rentrée littéraire 2022, Agnès de Clairville, The Unamed Bookshelf

Il y a des livres qui sont comme une plaie béante, une blessure que l’auteur tente de refermer à l’aide des mots qu’il aligne sur la page blanche. La poupée qui fait oui fait partie de ces livres, en revenant sur l’histoire d’Arielle qui, en entrant dans les études supérieures, découvre le sexe, l’amour, les attentes des garçons, presque des hommes mais pas encore tout à fait. Dans les années 80, quand elle rejoint son école d’ingénieurs, le sexe est encore un tabou, on n’explique rien aux jeunes filles qui vont tôt ou tard y être confrontées, on ne leur parle pas de plaisir – non surtout pas. Alors elle apprend « à la dure », elle se laisse faire, elle se fait avoir, elle sombre. Une histoire comme il en existe mille.

Sur ce premier fil narratif se télescopent les pensées d’Inès, mère d’Arielle, très inquiète de voir sa fille se laisse manipuler par les garçons, elle qui a connu ça aussi, l’émoi des premiers amours interdits, des premiers ébats. Je n’ai pas réussi à me laisser attendrir par cette mère qui ressasse son histoire personnelle alors que sa fille rencontre d’autres problèmes, je n’ai pas réussi à comprendre comment elle avait pu la laisser livrée à elle-même sans lui donner des informations de base pour lui éviter de subir tout ça… C’est aussi révélateur d’un certain milieu social, qu’Agnès de Clairville dénonce ici, un milieu social où le maintien des apparences prend le pas sur tout le reste. Un milieu social qui a conduit Inès, fille-mère, à accoucher seule dans un couvent, bien cachée aux yeux de tous.

C’est une histoire finalement assez commune que nous décrit ici Agnès de Clairville, une histoire qui arrive à beaucoup de jeunes filles à cet âge-là, à ce moment-là. Les choses ont un peu évolué mais malheureusement pas encore tant que ça, et il est bon de toujours rappeler que la douleur, la contrainte, l’inconfort ne sont pas un passage obligé vers une vie sexuelle, bien au contraire. Le bandeau promotionnel de ce livre titre « Ce livre, c’est celui que j’aurais aimé offrir à ma fille le jour de ses seize ans« , et je pense que ça serait bien aussi de l’offrir aux garçons qui atteignent cet âge.


Résumé de l’éditeur:

Fin des années  1980. Une école d’ingénieurs bâtie dans une ville nouvelle à l’écart de tout. Un bizutage, des soirées, les premières fois. Arielle, seize ans, issue de la bonne société versaillaise, fantasme les garçons et l’amour physique. Alors qu’elle se laisse porter par cette vie loin des siens, Éric, un étudiant magnétique de six ans son aîné, va croiser son chemin.
Le départ de sa fille est l’occasion pour Inès de revivre sa propre histoire  : la rupture avec un monde clos et pétri de traditions, la liberté d’une chambre seule, et puis, très vite, une grossesse, la solitude et le retour à la case départ.  
Alors qu’Arielle s’initie à l’amour et cherche son père biologique, les terreurs d’Inès se font de plus en plus prégnantes. Et si un pesant silence s’immisçait dans leur histoire de filles ? Et si la chair de sa chair entrait elle aussi en amour par sidération  ?
 
Une violence qu’on ne nomme pas. Une réalité qui s’impose vingt ans après les faits. À partir d’une tragédie qui touche nombre de femmes, Agnès de Clairville a bâti un roman étincelant où se côtoient la stupeur, la colère, la tendresse et une implacable lucidité.


On n’apprend jamais rien à ses enfants. Alors je dois me résoudre à la laisser faire son chemin, frêle et pâle, dans cet été en demi teinte où tout paraîtra calme sans elle. Malgré les cris d’enfants sur la plage. Vivre sans elle leurs premières fois. Pour la première fois lui permettre de partir loin de nous vivre on ne sait quoi. Je ne lui aurai rien appris. Rien n’aura servi à rien.

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