
Après Requiem pour une apache, impossible pour moi de passer à côté du nouveau roman de Gilles Marchand – et grand bien m’en a pris ! Le soldat désaccordé raconte l’histoire de cet ancien poilu, revenu de la Première Guerre Mondiale avec une main en moins, incapable de passer à autre chose, toujours tellement obnubilé par la guerre qu’il continue à mener des enquêtes diverses et variées pour le compte de familles qui recherchent encore leurs proches, en espérant vainement qu’ils soient vivants. Un métier comme un autre, me direz-vous. Sauf qu’un beau jour, une mère éplorée l’engage pour retrouver son rejeton, un certain Emile Joplin. Une histoire comme une autre, me direz-vous. Sauf qu’Emile Joplin n’était pas tout à fait un poilu comme un autre. C’était un jeune homme qui, en plus de combattre les Boches au front, entretenait dans le secret de son coeur un amour défendu avec une alsacienne…
Une histoire comme il y en a peu, finalement, racontée avec l’humour décalé de Gilles Marchand qui parvient à entrelacer très habilement les faits historiques, les anecdotes de l’époque, et les fruits de son imagination. Il nous projette entièrement dans cette réalité d’après-guerre, ces hommes détruits par les années passées dans les tranchées, à se battre contre leurs semblables tout en essayant d’oublier que de l’autre côté, ce n’étaient que des hommes, des pères, des frères, des fils, eux aussi. On s’attache à cet homme à qui la guerre à tout pris et la vie encore plus. Mais surtout, on s’émeut de cette romance improbable, mystérieuse, haletante dans laquelle nous entraîne l’auteur en nous brinquebalant d’une interview à l’autre, d’un indice au suivant, d’une péripétie à la prochaine. Comme quoi, même en plein cauchemar, tout est encore possible…
Chapeau bas à Gilles Marchand dont le talent pour raconter les histoires ne cesse de me surprendre – et de me séduire !
Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’Enfer. Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre.
On a tous une histoire d’amour intense, forte, dévorante. Une qui a tout emporté sur son passage et qui ne s’est pas finie, ou qui n’a jamais eu lieu parce qu’elle n’était pas réciproque. Une qu’on n’a pas osé déclarer, une qu’on a gardé pour soi parce qu’on avait peur. Et même quand tout se passe bien, on a encore peur : que l’intensité s’en aille, que la passion se soumette comme un animal sauvage à qui ont aurait appris à lever la patte. La passion ne donne pas la patte, elle te la met dans la gueule. Et quand tout va bien, on cherche des noises, on va au conflit sans savoir pourquoi, alors que la réponse est simple : faut que ça bouge, faut que ça brûle, faut que ça pète. Pas tout le temps, mais parfois, juste pour permettre au sang de faire un tour et de revenir. Juste pour voir si on a encore des larmes, si les cris peuvent encore sortir ou s’ils restent bloqués au fond de notre gorge.
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Tagué:Rentrée littéraire 2022
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