La fille de l'Ogre Catherine Bardon Les Escales The Unamed Bookshelf Rentrée littéraire 2022

Flor de Oro Trujillo. Née dans le campo dominicain, elle est devenue fille de dictateur, s’est mariée neuf fois, avant d’être totalement oubliée de tous. Sacré destin auquel s’attaque ici Catherine Bardon, autrice de la très remarquée saga des Déracinés ! Privée de liberté, manipulée par tous les hommes de sa vie, maintenue dans une prison dorée des plus aliénantes, courtisée avant tout pour son nom, son père et sa fortune, Flor de Oro en a vu de toutes les couleurs, et ce jusqu’à sa propre mort en 1978. Son histoire est celle d’une jeune fille brisée, jamais vraiment devenue une femme, ballotée par les sursauts politiques des décennies les plus noires de notre Histoire, de la montée en puissance d’Hitler à la lutte acharnée des Américains contre le communisme.

Quel plaisir de retrouver la plume franche et éloquente de Catherine Bardon dans ce nouveau récit ! Armée des quelques fragments d’archives qu’elle a pu collecter, elle parvient à nous offrir une reconstitution grandiose et romanesque de la vie incroyable de cette femme au destin malheureux. Dès les premières pages, notre identité de lecteurs s’efface, seule compte Flor de Oro, petite gamine déjà blessée par la cruauté de son père alors qu’il n’est encore personne. Le récit est mené d’une main de maître, maintenant le suspense tout en rejouant sans cesse les mêmes échecs, ceux qui se sont inexorablement enchaînés pour faire de la vie de Flor de Oro un véritable enfer. D’homme en homme, elle cherche à s’oublier, à oublier son père, à se libérer de son joug et de sa toute puissance, à s’affirmer enfin par elle-même et pour elle-même mais c’est peine perdue : le Jefe ou le destin s’arrangent toujours pour la faire revenir danser comme une marionette dans la paume ouverte de son dictateur de père.

Un roman saisissant, instructif et addictif qui nous fait découvrir une toute autre part de l’histoire du monde, et l’envers du décor d’une dictature dont nous entendons bien peu parler en France.


Résumé de l’éditeur:

1915. Flor de Oro naît à San Cristóbal, en République dominicaine. Son père, petit truand devenu militaire, ne vise rien de moins que la tête de l’État. Il est déterminé à faire de sa fille une femme cultivée et sophistiquée, à la hauteur de sa propre ambition. Elle quitte alors sa famille pour devenir pensionnaire en France, dans le très chic collège pour jeunes filles de Bouffémont.
Quand son père prend le pouvoir, Flor de Oro rentre dans son île et rencontre celui qui deviendra le premier de ses neuf maris, Porfirio Rubirosa, un play-boy au profil trouble, mi gigolo, mi diplomate-espion, qu’elle épouse à dix-sept ans. Mais Trujillo, seul maître après Dieu, entend contrôler la vie de sa fille. Elle doit lui obéir, comme tous les Dominicains entièrement soumis au Bienfaiteur de la Patrie, ce dictateur sanguinaire.
Marquée par l’emprise de ces deux hommes à l’amour nocif, de mariages en exils, de l’Allemagne nazie aux États-Unis, de grâce en disgrâce, Flor de Oro luttera toute sa vie pour se libérer de leur joug.


La mort dans l’âme, Flor s’installe à Rio dans un état presque dépressif. Elle était si fière de son travail. Pourquoi le lui ont-ils enlevé? Parce que le rôle d’une femme, c’est d’être auprès de son époux. Parce que le jefe fait la pluie et le beau temps. Parce qu’Antenor n’est qu’un vulgaire macho et compte tenir les rênes de sa vie. Parce qu’elle n’est rien.


Plus d’informations et de citations sur Babelio.