Le garçon, Marcus Malte, Éditions Folio The Unamed Bookshelf

Il n’a pas d’identité, aucune connaissance du monde et ne semble pas doué de paroles. Pourtant, il va nous entrainer d’un bout à l’autre de la France et du Monde, du meilleur de la vie vers ses plus sombres replis pendant près de 550 pages, sans nous ennuyer un seul instant : une prouesse que seul l’écrivain de génie qu’est Marcus Malte pouvait réaliser. Traversant tout le début du XXème siècle, le protagoniste de ce roman découvre de ses yeux neufs la société des hommes, écoute les histoires des uns et des autres, rencontre l’amour le plus pur qui soit, et se confronte à la barbarie des hommes pendant la guerre de 14 – 18. Ce récit est donc à la fois une ahurissante fresque historique, incroyablement fouillée, et un roman d’apprentissage des plus sensibles, oscillant toujours entre l’humour décalé et la finesse des propos.

J’ai rencontré Marcus Malte en lisant Aires, et j’étais très curieuse de découvrir son titre le plus connu. C’est étonnant de retrouver la superbe plume de l’auteur dans un texte complètement différent, tout aussi fluide et bien écrit, tout aussi intelligent et bien pensé, mais d’un style résolument autre. Ici, il se joue des codes des romans d’apprentissage en alternant passages dramatiques et moments légers où l’érotisme prévaut, en insérant de petits poèmes libertins et de longues lettres d’amour, en amenant le garçon à croiser la route d’anti-héros désabusés par la vie. Chaque personnage est doté d’une épaisseur romanesque singulière, ils sont finalement peu nombreux sur l’ensemble du récit, mais chacun est décrit avec précision, ses pensées et ressentis restitués et analysés, parfois également moqués, mais toujours avec cette petite pointe d’ironie affectueuse qui fait le sel des romans de Marcus Malte.

Le garçon a été pour moi un véritable coup de coeur, la confirmation de mon attrait pour la plume de cet auteur méconnu mais hors du commun, qui nous sert de grands romans comme il ne s’en fait plus tellement de nos jours, digne héritier des plus grands écrivains français, à mon sens.


Résumé de l’éditeur :

Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin – d’instinct. Il rencontre alors les
habitants d’un hameau perdu, puis Brabek l’ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, et découvre l’amour charnel avec Emma, mélomane lumineuse. Viendra ensuite la guerre, l’effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de la civilisation.
À sa façon singulière, radicale, drôle, grave, Le garçon est l’immense roman de l’épreuve du monde.


Fatalement, cela aurait une influence sur son esprit, sur sa façon d’appréhender le monde et les choses – corruption douce mais corruption tout de même – et c’était justement cette façon et cet esprit, personnels, singuliers, qui la fascinaient et qu’elle voulait à tout prix préserver. L’enseignement qu’ils avaient reçu, elle et ses semblables, l’éducation qu’on leur avait donnée étaient sans doute une fenêtre ouverte sur la liberté, mais n’était-ce pas également une cage ? N’était-ce pas un moule, rigide et fonctionnel, à partir duquel tous étaient créés, façonnés à l’identique ? Un modèle unique – dessiné par qui, destiné à quoi ?

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