
Après Paradis perdus et La Porte du ciel, Eric-Emmanuel Schmitt continue sa fascinante saga en nous embarquant cette fois-ci en Égypte, des prémices de la civilisation égyptienne à la sortie d’Egypte par les Hébreux, guidés par Moïse. Alternant des intermèdes de l’époque actuelle et le récit historique romancé, il continue à nous maintenir en haleine quant au destin des trois personnes principaux et antagonistes : Noam et Noura, face à Derek. Une fois de plus, leur destin exceptionnel et leurs péripéties influent de manière inexorable sur l’histoire que nous connaissons aujourd’hui – même si bien sûr, l’auteur prend quelques libertés quant aux faits avérés et aux hypothèses des historiens.
Si j’ai retrouvé avec plaisir les personnages des tomes précédents et que j’ai suivi avec curiosité leur parcours, j’ai été parfois déroutée par les détours que prenait le récit, par les raccourcis qui permettaient aux personnages de passer d’un lieu à un autre avec une facilité peu probable pour l’époque et par les incroyables coups de chance de nos personnages qui s’en tiraient toujours a très bon compte. Manquant parfois de crédibilité, ce livre n’en est pas moins une plongée intéressante dans la société égyptienne de l’époque antique, un aperçu des différents mythes et croyances et une réflexion pertinente sur sa civilisation, majoritairement basée sur une pyramide sociale largement inégalitaire. A force d’anecdotes, Eric-Emmanuel Schmitt nous immerge entièrement dans l’époque égyptienne, d’autant plus qu’ayant eu la chance de lire ce livre en Égypte, j’ai pu retrouver des éléments décrits ici au cours de mon voyage.
Une fois de plus, les grands faits bibliques sont décortiqués et expliqués de manière à faire comprendre à la fois comment ils ont pu advenir en réalité mais aussi comment et pourquoi ils ont été déformés pour créer les religions que nous connaissons aujourd’hui. Ils nous montre les objectifs sociaux que servaient les religions de tous temps, les bouleversements sans précédents qu’à occasionné la religion chrétienne à ses débuts, et comment celle-ci a du composer avec les pratiques de l’époque et les hommes qui ont été les premiers croyants pour exister et prospérer. C’est passionnant bien sûr, tant sur le plan romanesque qu’historique, et ça se termine sur un appel très net à une suite qui arrivera, espérons-le, très prochainement !
Poursuivant sa traversée de l’histoire humaine, Noam s’éveille d’un long sommeil sur les rives du Nil, en 1650 av. J.-C. et se lance à la découverte de Memphis, capitale des deux royaumes d’Égypte. Les temps ont bien changé. Des maisons de plaisir à la Maison des morts, des quartiers hébreux au palais de Pharaon se dévoile à lui une civilisation inouïe qui se transmet sur des rouleaux de papyrus, qui vénère le Nil, fleuve nourricier, momifie les morts, invente l’au-delà, érige des temples et des pyramides pour accéder à l’éternité. Mais Noam, le cœur plein de rage, a une unique idée en tête : en découdre avec son ennemi pour connaître enfin l’immortalité heureuse auprès de Noura, son aimée.
Avec le troisième tome du cycle de La Traversée des Temps, Éric-Emmanuel Schmitt nous embarque en Égypte ancienne, une civilisation qui prospéra pendant plus de trois mille ans. Fertile en surprises, Soleil sombre restitue ce monde en pleine effervescence dont notre modernité a conservé des traces, mais qui reste dans l’Histoire des hommes une parenthèse aussi sublime qu’énigmatique.v
Quand on se bat pour une cause, c’est parce qu’elle vaut, non parce que l’on gagne.
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