
Depuis début 2022, Blackwater déclenche les passions et fait la une des réseaux sociaux (dédiés aux livres). Bon petit mouton curieux que je suis, j’ai comme tout le monde été faire chauffer ma carte bleue en librairie pour comprendre cet engouement – et je dois dire que je n’ai pas été déçue. A la faveur d’une semaine d’arrêt maladie, j’ai méthodiquement dévoré les six tomes de cette saga fantastique, retrouvant le plaisir de glisser dans un monde inconnu sur plusieurs tomes, comme il m’arrivait beaucoup plus de le faire quand j’étais adolescente.
Alors que dire de Blackwater ? Vous dévoiler l’intrigue, dont vous avez probablement déjà entendu parler, ne vous renseignera pas beaucoup plus. Oui, il s’agit de l’histoire de la famille Caskey, sur pas moins de quatre générations et plusieurs branches diverses, plus ou moins proches du tronc initial. Tout bascule le jour d’une grande crue à Perdido, quand Oscar, le fils prodigue, ramène une inconnue aux cheveux roux, Elinor. Voilà le pitch, simple, efficace, et terriblement prenant, parce qu’il installe cette aura de mystère autour de la personne d’Elinor, et suffit à nous embarquer dans l’histoire comme on se laisserait emporter par le courant de la Perdido.
En somme, Michael McDowell joue sur la fine limite entre la réalité et le surnaturel, de manière assez ténue au début pour susciter quelques questionnements et nous maintenir en haleine, puis en allant franchement explorer ce qu’il se passe au-delà de notre compréhension de pauvres mortels. Le style est simple, fluide, ironique et entraînant, rendant très aisée la lecture de cette saga dont on ne fait qu’une bouchée. Soulignons également les magnifiques couvertures des Editions Monsieur Toussaint Louverture, qui ne sont pas étrangères au succès de Blackwater. Bref, ça vaut le coup.
Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater.
Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.
Au-delà des manipulations et des rebondissements, de l’amour et de la haine, Michael McDowell (1950-1999), co-créateur des mythiques Beetlejuice et L’Étrange Noël de Monsieur Jack, et auteur d’une trentaine de livres, réussit avec Blackwater à bâtir une saga en six romans aussi addictive qu’une série Netflix, baignée d’une atmosphère unique et fascinante digne de Stephen King.
Voilà la plus grande méprise au sujet des hommes : parce qu’ils s’occupent de l’argent, parce qu’ils peuvent embaucher quelqu’un et le licencier ensuite, parce qu’eux seuls remplissent des assemblées et sont élus au Congrès, tout le monde croit qu’ils ont du pouvoir. Or, les embauches et les licenciements, les achats de terres et les contrats de coupes, le processus complexe pour faire adopter un amendement constitutionnel – tout ça n’est qu’un écran de fumée. Ce n’est qu’un voile pour masquer la véritable impuissance des hommes dans l’existence. Ils contrôlent les lois, mais à bien y réfléchir, ils sont incapables de se contrôler eux-mêmes. Ils ont échoué à faire une analyse pertinente de leur propre esprit, et ce faisant, ils sont à la merci de leurs passions versatiles ; les hommes, bien plus que les femmes, sont mus par de mesquines jalousies et le désir de mesquines revanches. Parce qu’ils se complaisent dans leur pouvoir immense mais superficiel, les hommes n’ont jamais tenté de se connaître, contrairement aux femmes qui, du fait de l’adversité et de l’asservissement apparent, ont été forcées de comprendre le fonctionnement de leur cerveau et de leurs émotions.
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Que de louanges ! Je vais m’y mettre, forcément car toutes ces chroniques sont vraiment tentantes. Mais je suis assez exigeante car j’ai pas mal lu de littératures de l’Imaginaire…
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Je vais pas prétendre que c’est de la grande littérature, mais c’est sacrément prenant !
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