
Pour toute ma génération, les rencontres improbables sur Skyblog sont un souvenir d’adolescence plutôt émouvant – et je n’échappe pas à la règle. Alors quand Fanny Ruwet décide de nous raconter sa quête pour retrouver Nour, cet ami virtuel perdu de vue, forcément, je me suis identifiée. Sans chercher à enjoliver la réalité de la vie, elle nous explique comment, à l’occasion d’une soirée arrosée avec un ami, elle se lance sur la piste de son ancien correspondant, allant jusqu’à prendre le train pour essayer de le retrouver. Racontée avec beaucoup d’humour, l’histoire est pleine de références connues, qui m’ont rappelé des souvenirs et qu’on fait me sentir proche de l’auteur, elle qui avait vécu, manifestement, la même adolescence que moi.
Sans être sur de la grande littérature, c’est un récit qui se lit très bien, qui est plutôt prenant tout en restant léger, qui fait sourire à chaque page et nous entraîne dans son petit tourbillon rigolo – en bref, c’est un moment de lecture franchement agréable. J’ai été un peu frustrée par la fin parce que, vous vous en êtes peut-être rendus compte, je ne suis pas une grande fan des fins ouvertes, mais en même temps Fanny Ruwet n’a pas tort, c’est ça aussi la vraie vie, ça ne finit pas toujours comme on voudrait et des fois ça ne se finit pas du tout et c’est comme ça. Au final, j’ai bien aimé ce livre, c’était chouette.
La «patte» de Fanny Ruwet
En quelques années de stand-up et au micro de France Inter, Fanny Ruwet a conquis le public, se distinguant par son humour noir et ses blagues caustiques. La loose et la mélancolie sont ses thèmes de prédilection. Dans ses spectacles, elle saisit l’esprit de sa génération, qui a grandi à l’ère de la digitalisation, des blogs, des applications et des réseaux sociaux, et s’amuse de son mal- être.
Amours virtuelles
Allie, au milieu de la vingtaine, vient de se séparer de son copain. Sa vie est rythmée par des « dates foireux » et de longues journées à s’ennuyer au travail. Au détour d’une conversation, elle se souvient d’une liaison amoureuse sur Internet alors qu’elle n’avait que 15 ans : il s’appelait Nour. Comme une façon d’échapper ou de trouver des réponses à sa crise existentielle, elle se lance dans une quête rocambolesque pour le retrouver.
Quête initiatique
Qu’est devenu Nour ? Pourquoi n’y a-t-il plus aucune trace de lui en ligne ? Et si ça n’avait été qu’un prédateur de 67 ans se faisant passer pour un jeune homme ? En cherchant la vérité sur Nour, Fanny Ruwet aborde avec drôlerie et un ton décalé des thèmes ultra-contemporains : quête de sens, féminisme, bisexualité, alcoolisme et monde virtuel.
Un premier roman qui met, avec humour et intelligence, les maux d’une génération en mots.
Ces histoires m’ont très souvent rendue triste, tant elles étaient éloignées de la vie réelle. Beaucoup se plaignent des modèles amoureux invraisemblables qu’offrent les romans et les films, mais je trouve qu’ils donnent surtout des attentes folles en matière de cerveau : les personnages de fiction sont plus intéressants que les vrais gens, et trois phrases d’un film sont plus inspirantes qu’une semaine entière de conversation avec le commun des mortels.
J’ai beau savoir que c’est logique, que les dialogues de fiction ont été écrits en plusieurs mois par une équipe entière de scénaristes et qu’en une heure trente, on ne nous a donné que le meilleur de la vie des protagonistes, je suis quand même déçue que notre quotidien, sans montage, soit nettement plus ennuyeux. La fiction, c’est comme une compilation des meilleurs buts de Lionel Messi au Barça alors que la vie, c’est l’intégralité de sa première saison au PSG : vraiment très oubliable.
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