208 pages pour retourner le monde que nous connaissons aujourd’hui et nous faire entrevoir à la fois les dérives possibles de la technologie, du repli identitaire, du fanatisme religieux, de la recherche éperdue de confort, de la volonté de faire disparaître tout effort, et de l’uniformisation pour garantir la paix et sauver la planète. A travers l’histoire de quelques personnages de choix, Amanda Sthers et Aurélie Jean nous offrent un roman dystopique des plus accessibles, très bien ficelé et documenté, bien loin des grands pavés hermétiques typiques de ce genre littéraire qui ont le défaut d’en décourager plus d’un.

En quelques pages, elles nous racontent avec un réalisme saisissant et une foule de détails précis et bien choisis comment l’implant d’une puce cérébrale s’est généralisé dans la population mondiale, transformant radicalement les modes de vie et les comportements, mais créant également des poches de résistants refusant de se voir manipuler par cette technologie. Sous la forme d’un compte à rebours avant l’arrivée imminente d’une troisième intelligence, ce récit a des airs de fin du monde et des personnages qui ne manquent pas de relief – tout se qu’il faut pour se prendre au jeu de l’anticipation et se projeter dans ce futur probable qui ne semble pas si éloigné que ça de la réalité.

Sans être le meilleur récit dystopique que j’ai lu, il n’en reste pas moins un des plus agréables à lire, tant il est bien réfléchi, bien écrit et parfaitement bien romancé. Un exercice pas simple quand on s’attaque à ce genre littéraire, qu’Amanda Sthers et Aurélie Jean ont réussi haut la main, parvenant toujours à trouver un juste équilibre entre le romanesque et le scientifique, entre les faits et la fiction. C’est un récit qui atteint parfaitement bien son but : nous faire réfléchir, et ce sur un grand nombre de sujets, une prouesse vu le nombre restreint de pages.


Résumé de l’éditeur:

En 2050, une grande partie des pays du globe encourage sa population à s’équiper d’une puce cérébrale qui augmente les capacités intellectuelles de chacun, prévient les maladies, anesthésie la douleur, apaise, réveille, endort – qui transforme les individus en ordinateurs… et les met donc à risque d’être piratés, d’échapper à leur propre raison. Cette invention a été couronnée d’un Nobel, elle est le fruit des recherches d’un couple français, Ash et Chloé. Lui est proche du pouvoir, elle se met à douter. Car le visage qui incarne la résistance française est celui d’Oona, une artiste que Chloé a connue et aimée. Quand les deux femmes se rencontrent, le pays est au bord de la guerre civile. Le sud de la France et la Bretagne sont des zones libres, prêtes à en découdre pour protéger leurs enfants. Mais le gouvernement a d’autres préoccupations : il semble qu’une force non identifiée s’approche peu à peu de la Terre…

Amanda Sthers et Aurélie Jean se projettent dans un roman dystopique où les craintes qui naissent aujourd’hui sont incarnées et poussées à leur apogée. Un rythme frénétique et des personnages jubilatoires.


La force arrive avec la nuit. Des percées de lumière douce strient le ciel puis elle échange avec la population en silence. Les gens comprennent ce qui arrive, non pas avec leur bon sens ni même par déduction, mais d’un façon télépathique. Cela n’a rien à voir avec les informations que certains connectés sont habitués à recevoir directement dans le cerceau par le biais de leurs puces. Ce n’est pas une attaque non plus, ça ressemble à une sorte de main tendue qu’on traduirait par : « Nous venons en paix. Laissez-vous faire. » Telle une injonction douce mais ferme, sans mot prononcé, sans arme, sans moyen de savoir par quel miracle elle arrive en l’âme de chacun ni comment elle touche au plus profond des êtres et s’installe dans une part jusqu’alors inconnue d’eux-mêmes.

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