Reporter de guerre pour Paris Match, Nicolas Delesalle part en Ukraine couvrir le conflit qui a éclaté en Février 2022. C’est son métier, me direz-vous. Oui, à ceci près que Nicolas Delesalle est d’origine russe, par sa mère, farouchement fière de ses origines, professeure de russe, qui s’est engagée toute sa vie à prouver aux français, et à son fils, que les Russes sont des gens comme les autres, des gens bien, malgré les idées préconçues. Alors quand il voit de ses propres yeux un quartier détruit par l’aviation russe, les corps des habitants ukrainiens innocents éparpillés sous les décombres, quand il entend sa mère sangloter au téléphone avec une femme qui vient de perdre sa belle-fille, c’est tout le mythe fondateur de ses origines qu’il voit s’effondrer. Lui qui était si fier d’être russe, qui revendiquait son côté slave, qui s’est construit sur cet héritage du sang pour légitimer sa différence, tout d’un coup a honte d’être du côté de l’ennemi, de se sentir appartenir à une nation capable d’un tel carnage inhumain.

Dans ce témoignage bouleversant, Nicolas Delesalle documente avec précision les dessous de cette guerre si proche et pourtant déjà largement reléguée à l’arrière plan dans nos médias. Mêlant son histoire personnelle aux observations qu’il fait sur le terrain, il nous montre l’absurdité de cette attaque entre peuples frères, ordonnée par un dictateur mégalomaniaque manipulant ses concitoyens. Il est poignant de voir comme ce conflit vient affecter ce qu’il y a de plus profond en lui, ses racines, son héritage, l’identité même qu’il s’est construit au fil des années, jusqu’à l’amener à se déconstruire entièrement, à se dissocier de cette notion romantique de « l’âme russe ».


Résumé de l’éditeur :

Derrière la fenêtre de son compartiment, un Français  d’origine russe regarde les forêts d’Ukraine défiler.  Autour de son cou, une croix orthodoxe que lui a offerte sa
mère. Dans un pays mis à feu et à sang par les fils de ses  ancêtres, c’est sa mère russe qu’il porte contre sa poitrine.  C’était déjà sa mère, et professeure de russe, qui l’accompagnait  lors de son premier voyage scolaire à Kiev en pleine  guerre froide. Ou, en tant qu’interprète, pour son premier  reportage dans la Russie des années 2000. Aurait-il pu l’imaginer  alors interrogée par le KGB à dix-sept ans à Sébastopol ?
À quelques centaines de kilomètres de ce train qui l’emmène  aujourd’hui vers Kiev, un vieil Ukrainien marche sur un lac gelé.  Lui aussi porte une croix orthodoxe autour du cou. Ils ne se  connaissent pas encore, mais bientôt ils vont partager un secret. 
Une valse à trois temps, pour approcher le mystère des  origines, entre fierté, désenchantement et renoncement. Une  quête littéraire, intime et universelle. Un regard unique.


Quel sentiment vertigineux que de retrouver ses racines ! Prendre un avion et voler trois heures pour être au plus près de chez soi. Je marche sur le trottoir de l’ennemi. Je suis chez l’ennemi. Je suis l’ennemi. Et, pour la première fois de ma vie, à quatorze ans, je suis chez moi. Je ne parle pas la langue de ce pays, je connais mal son histoire, aucun de ses habitants ne me connaît, mais ce sentiment nouveau et profond m’ouvre l’âme en deux et me réchauffe les joues à faire fondre la neige sous mes pas…
Je suis chez moi.

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