L'Excuse - Julie Wolkenstein - Editions POL
Nick a beau être mort, il poursuit depuis l’au-delà la démonstration de sa théorie selon laquelle la vie de Lise suit un plan déterminé à l’avance par un auteur américain du XIXème siècle. En effet, les parallèles entre la vie de notre héroïne et celle de son Portrait d’une jeune fille sont frappants. Et Lise a beau avoir déjà connaissance de la théorie de son ‘cousin’, il n’empêche qu’il lui a encore réservé quelques surprises, qui ne font que corroborer sa vision des choses.

Cette histoire un peu saugrenue, mais qui, au fil des pages, prend tout son sens, donne lieu à un roman d’une rare intensité, troublant de vérité et de réalisme. Lise suit petit à petit le chemin tracé par Nick pour elle avant sa mort précoce, recherchant patiemment les indices éparpillés aux quatre coins de l’Amérique, et complétant en parallèle le récit de ses propres souvenirs et de son présent, qui étrangement, correspond aux anticipations du défunt.

C’est une histoire d’amour comme il y en a peu, comme on en rêverait, portée par la plume de Julie Wolkenstein, qui n’a pas son pareil pour exprimer les sentiments confus et diffus. C’est une longue confession, une double confession, portrait d’une époque et d’une génération de riches américains bilingues, férus de littérature, de musique, de tarot et d’apéritifs enjolivés par un peu d’herbe. C’est l’histoire de deux vies qui se sont croisées pour le meilleur et pour le pire, qui n’ont su se trouver sur le tard, par l’intervention providentielle d’un roman écrit pour eux.

Tout simplement magnifique et ensorcelant.


Résumé de l’éditeur :

Lise est une femme que l’on découvre assez rapidement âgée, mais, comment le dire, verte encore et qui ne se refuse en tout cas aucun des plaisirs de la vie, qu’il s’agisse de l’alcool ou des hommes. On dira que pour elle l’automne ne fait que commencer… Elle vient d’hériter une magnifique maison sur l’île très chic de Martha’s Vineyard, en face de Boston, et le roman commence alors qu’elle ouvre cette maison. Elle se souvient…

Elle se souvient de la première fois où elle y a mis les pieds, il y a bien longtemps. Elle était une jeune universitaire française, elle venait de perdre son père. Sa tante l’avait prise sous son aile. Elle se souvient que Nick son cousin et Charles le cher ami de son cousin, l’avaient accueillie sur la véranda, et qu’il y avait là Mr Chancellor, son oncle, qui devait bientôt mourir, et que c’était l’heure de l’apéritif. Elle a hérité cette belle maison parce que Nick est mort et, après lui, sa tante.

Il y a là des affaires qui appartiennent à Nick, des papiers notamment, qu’elle va découvrir, ils ont été laissés à son intention et soigneusement préparés.

Il suffira que Lise en entreprenne la lecture, cela vient très vite, pour que la chronique mélancolique et nostalgique, assez Fitzgeraldienne, cède la place à une tout autre histoire. Une histoire d’emprise. On se rend alors compte – on, c’est-à-dire le lecteur, et Lise elle-même – que toute sa vie ne semble avoir été qu’une histoire écrite par un autre, une histoire qu’elle n’a jamais pu contrôler, sinon dans les détails, et encore. Et l’autre, pour commencer (pour commencer !) c’est tout simplement Henry James, tandis que l’histoire c’est celle qu’il raconte dans Portrait d’une femme – pour commencer…

C’est un jeu étonnant qui s’ouvre alors, un jeu de rôles, un jeu de correspondances, de renvois, d’associations et de réminiscences, un magnifique et drôle commentaire de texte, mais aussi un jeu de plus en plus inquiétant à mesure qu’on y avance, d’autant qu’il se révèle à tiroirs.


Ce n’est peut-être que ça le fantôme de Ralph: sa certitude de mourir jeune. Lui comme moi nous en tirons le meilleur parti, observons en dilettantes l’agitation des autres, nous excluons de leurs espoirs futurs mais nous gardons aussi de souffrir justement, évitons de vivre pour ne rien perdre.

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