
Grand Prix de l’Imaginaire 2006
« Furvent, ceux qui vont mûrir te saluent !«
Poussée par le neuvième Golgoth jusqu’aux confins de la terre, La Horde est héroïsme. 23 protagonistes, poussés par une seule et même ambition : découvrir la source du vent, neutraliser ces bourrasques infernales. Une vie entière de contre, dévouée à une cause plus grande, établie 33 Hordes plus tôt, une quête encore inachevée. Vont-ils réussir ces 23 hordiers atypiques, chacun jetant dans son contre ses propres raisons, chacun contrant avec le coeur, plus qu’avec la tête?
Qu’importe la destination, l’important c’est le chemin réalisé pour y parvenir. Aucun roman n’aura mieux illustré cet adage que celui-ci. Tout ici concourt à nous donner cette impression de plénitude. Chaque mot a été pesé par l’auteur, transformé parfois, choisi toujours. Chaque étape du voyage a son sens, son message caché, sa leçon de vie. Chaque obstacle possède une signification qui le transcende. Chaque personnage est porté par une force plus grande, chacun trouve sa place dans cet enchaînement. Chacun trouve son compte dans le combat quotidien contre le vent, cette souffrance nécessaire, sacrifice pour l’humanité.
Plus qu’un roman La Horde du Contrevent est un poème, une ode à la vie, à l’amitié, au courage, à la volonté d’atteindre son but, quoi qu’il arrive. Il m’est difficile d’écrire une critique qui rende véritablement justice à un tel chef d’oeuvre, d’ailleurs je n’ai pas la prétention d’y arriver. Lire La Horde du Contrevent, c’est apprendre, grandir, mûrir d’un seul et même grand coup. Les réactions humaines des personnages, la philosophie indirecte de leurs discours, les leçons de vie de leurs aventures : on ne sort pas indemne d’un voyage vers l’Extrême Amont avec La Horde.
Le découpage en paragraphe narratifs alternés relève tout simplement du génie : à chaque personnage correspond un signe, placé au début de chaque paragraphe pour indiquer le narrateur. Si certaines voix se font plus entendre que d’autres (Sov, le scribe pour n’en citer qu’un seul), il s’agit véritablement d’un roman à 23 voix, chacune ayant sa particularité, son ton, ses opinions, son langage, plus ou moins châtié. Notre vision des signes de ponctuation n’en trouve à jamais chamboulée.
La Horde du Contrevent est de ces livres qui se relisent à l’infini. Chaque lecture nous permet d’atteindre un niveau de compréhension différent, de saisir des nuance que nous n’avions pas perçues auparavant. C’est, dans ce sens et bien d’autres, un véritable chef d’oeuvre de la littérature francophone.
Post-scriptum: Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à m’indiquer en commentaire ce que vous avez pensé de la fin, je suis curieuse d’avoir votre avis !
Résumé de l’éditeur :
Un groupe d’élite, formé dès l’enfance à faire face, part des confins d’une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l’origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromètre et géomètre, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d’un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.
Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un livre-univers qui fond d’un même feu l’aventure et la poésie des parcours, le combat nu et la quête d’un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et le lien. Chaque mot résonne, claque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume comme d’un pinceau, d’une caméra ou d’une arme…
Chef-d’œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l’Imaginaire.
Qu’importe où nous allons, honnêtement. Je ne le cache pas. De moins en moins. Qu’importe ce qu’il y a au bout. Ce qui vaut, ce qui restera n’est pas le nombre de cols de haute altitude que nous passerons vivants. N’est pas l’emplacement où nous finirons par planter notre oriflamme, au milieu d’un champ de neige ou au sommet d’un dernier pic dont on ne pourra plus jamais redescendre. N’est plus de savoir combien de kilomètres en amont du drapeau de nos parents nous nous écroulerons ! Je m’en fiche ! Ce qui restera est une certaine qualité d’amitié, architecturée par l’estime. Et brodée des quelques rires, des quelques éclats de courage ou de génie qu’on aura su s’offrir les uns aux autres. Pour tout ça, les filles et les gars, je vous dis merci. Merci.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Ce livre est juste superbe ! J’ai beaucoup aimé la fin, mais je ne sais pas trop comment l’interpréter. En tout cas, pour ma part, ça a été inattendu bien qu’est arrivé un moment où j’ai commencé à m’en douter.
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Merci pour ton retour! J’ai été très déroutée par la fin également, moi pour le coup je ne l’avais pas vue venir ! J’ai ai vu une espèce d’allusion au fait que tout n’est qu’un éternel recommencement, je ne suis pas sûre que ce soit le message sous-jacent.
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C’est également ce que j’ai compris, et en même temps je me dis que c’est peut-être aussi pour dire que certaines quêtes sont vaines (la vacuité des choses). Aussi que finalement, ça ne sert peut-être pas à grand chose de vouloir tout savoir au risque de sacrifices importants, qu’il vaut mieux parfois juste se poser là, et profiter. On peut y voir tellement de choses !
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