L'affaire Sparsholt Alan Hollinghurst Editions Albin Michel Rentrée Littéraire 2018 The Unamed Bookshelf

Tout commence en 1940, où un bel homme au charme pénétrant trouble la toute relative tranquillité du club de lecture d’Oxford, alors à la recherche d’un écrivain célèbre pour sa prochaine soirée. David Sparsholt déclenche les passions des uns et des autres, mystérieux dieu grec, passé dans leur vie le temps d’un éclair.  « L’affaire Sparsholt » commença bel et bien à Oxford, mais elle ne se terminera que plusieurs générations plus tard, avec le fils et la petite-fille de David Sparsholt…

Alan Hollinghurst nous offre ici un roman extrêmement ambitieux, riche de personnages et de non-dits, sur l’amour, le sexe, la famille, le devoir, et l’émancipation. Véritable témoignage d’une génération dépassée, celle qui a vécu sa jeunesse au temps de la Seconde Guerre mondiale et qui a fini sa vie à l’époque des iPad et de Grindr, L’affaire Sparsholt raconte l’histoire d’une bande d’amis, homosexuels pour la plupart, ayant choisi une vie au-delà des conventions de l’époque, une vie de jeux et de débauche, de littérature et d’art, une vie libre. En cette époque où l’homosexualité était encore loin d’être acceptée, cette petite communauté est parvenue à l’assumer pleinement, sans tabous, dans un Londres où la nuit permettait toutes les folies. Seul David Sparsholt, pourtant marié et père d’un jeune garçon, essuiera le scandale des ses amours illicites, une affaire qui ne cessera d’hanter sa descendance pour les années à venir.

Découpé en cinq parties, ce roman nous décrit longuement la vie de nombre de personnages, d’Evert Dax, fils de romancier célèbre, riche et gay, à Lucy Sparsholt, dernière descendante de la lignée, sans pour autant nous en donner les éléments clés. Le récit fait des bons dans le temps, laissant au soin du lecteur d’imaginer quel revirement est responsable d’une telle situation. Les tableaux croisés au hasard de notre lecture nous donnent parfois quelques indications, mais de nombreuses explications restent tapies dans l’ombre, si familières aux personnages qu’ils n’en parlent jamais ouvertement. Curieux récit que celui-ci, si riche et si détaillé parfois, si vague et si sujet à interprétation le reste du temps. Un beau récit cependant, à l’écriture poétique et recherchée, représentatif d’un style anglo-saxon très littéraire, et très fuyant.


Résumé de l’éditeur :

En octobre 1940, David Sparsholt fait son entrée à Oxford. Athlète et rameur acharné, il semble d’abord ignorer la fascination qu’il exerce sur les autres – en particulier sur le solitaire et romantique Evert Dax, fils d’un célèbre romancier. Tandis que le Blitz fait rage à Londres, l’université d’Oxford apparaît comme un lieu hors du temps où les attirances secrètes s’expriment à la faveur de l’obscurité. Autour de David, des liens se tissent qui vont marquer les décennies à venir.

Dans ce nouveau roman magistral, Alan Hollinghurst, l’un des plus grands romanciers anglais contemporains, dessine le portrait d’un groupe d’amis liés par la peinture, la littérature et l’amour à travers trois générations. Après L’Enfant de l’étranger, prix du Meilleur Livre Etranger, il poursuit une œuvre exigeante.


Ce fut alors que toutes les lumières s’éteignirent. Un soupir de surprise s’éleva, qui contenait aussi de l’irritation et un amusement lassé, et Denis, élevant la voix pour lancer à la cantonade « Tout va bien, tout va bien! », laissa comme par inadvertance sa main glisser sur les fesses de Johnny avant de s’éloigner de lui. Quelqu’un alluma un briquer et le leva en l’air au-dessus du groupe subtilement transformé. « Ma chère, c’est tout à fait comme pendant la guerre », dit une femme, et quelqu’un d’autre objecta : « Mais loin d’être aussi drôle. – C’est que nous sommes tous beaucoup plus vieux », observa la dame grise d’un ton ferme, et sa remarque déclencha l’hilarité. Au bout d’un instant, Iffy demanda : « Est-ce que c’était si drôle, la guerre ? Quelque chose a dû m’échapper… » et un homme à la voix haut perché s’écria : « Gordon, si tu appelais le Premier ministre pour lui dire qu’on en finisse avec toutes ces bêtises? » à quoi tout le monde s’esclaffa ; puis, venant du hall, une voix plus profonde répondit : « Trop tard, j’en ai peur », et ensuite : « Mais pas de panique ! « , tandis que le rayon d’une torche entrait soudain par la porte. « Nous sommes passés maîtres dans l’art de réagir à ces incidents. »

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