Mrs Hemingway Naomi Wood Folio livres The Unamed BookshelfOn dit que derrière chaque homme illustre se cache une femme. Ernest Hemingway, lui, en cachait quatre, des femmes – et quelles femmes ! Généreuses, téméraires, mondaines ou douces, elles avaient toutes une personnalité, une vie, et des attentes différentes dans leur mariage. Pourtant, toutes, elles sont tombées sous le charme de cet écrivain torturé à ses heures, fou à d’autres, et attentionné quand il cherchait à séduire. Naomi Wood nous retrace, d’une plume habile et sensible, les joies et les peines de ces Mrs Hemingway, qui ont toutes dû, au final, renoncer à ce titre.

A travers leur histoire, c’est une biographie intime d’Ernest Hemingway que nous découvrons, non pas l’homme flamboyant qui a libéré le Ritz en août 1944, mais le petit garçon désorienté à la recherche de ses premiers écrits perdus. Naomi Wood semble avoir effectué un incroyable travail de documentation pour nous livrer tous ces petits détails de la vie de l’écrivain, les chansons qu’il aimait écouter, ses habitudes de travail, les promesses qu’il faisait aux femmes et les pensées qu’il partageait avec elles. Cette biographie romancée nous donne à voir l’homme derrière l’auteur, la face cachée du génie, son alcoolisme latent, ses blessures physiques, son angoisse face à la page blanche. Ernest Hemingway, malgré l’intimité dont nous bénéficions désormais, reste impossible à appréhender, un personnage changeant qu’aucune de ses femmes n’aura finalement réussi à conquérir totalement, et de manière durable.

C’est aussi tout un monde bouleversé par la guerre que nous découvrons, un monde caractérisé par une forte dichotomie entre le tumulte d’une Europe qui cherche à vivre plus intensément et plus vite, avant de retomber dans le chaos, et la paisible Amérique où les Hemingway viennent se ressourcer tour à tour dans des demeures idylliques. La psychologique fouillée de chacune des épouses s’explique finalement aussi par l’époque dont elle est issue, la douce Hadley caractérisée par sa vie de recluse auprès de sa mère, tandis que le caractère de Martha se forge au contact des combats pendant la guerre civile espagnole. Belle réussite de l’auteur donc, d’avoir réussi à offrir autant de relief et de densité historique et littéraire à un seul et même livre.


Résumé de l’éditeur:

Ernest Hemingway était un homme à femmes. Mais il ne se contentait pas d’enchaîner les histoires. Ses maîtresses, il en a fait des Mrs Hemingway. Ainsi la généreuse Hadley Richardson a-t-elle été remplacée par la très mondaine Pauline Pfeiffer, et l’intrépide Martha Gellhorn par la dévouée Mary Welsh, au fil d’un scénario qui ne variait que de quelques lignes : la passion initiale, les fêtes, l’orgueil de hisser son couple sur le devant de la scène, puis les démons, les noires pensées dont chacune de ses femmes espérait le sauver.
Naomi Wood se penche sur la figure d’un colosse aux pieds d’argile, et redonne la voix à celles qui ont sacrifié un peu d’elles-mêmes pour en ériger le mythe.


Elle écoute des mazurkas et s’enveloppe dans la couverture d’Ernest, s’abritant dans ce qu’il reste de son odeur. Assise dans son fauteuil, elle écoute les efforts du piano aux passages rythmiques difficiles et comme toujours, le saphir saute au même endroit. C’est la musique qu’ils écoutaient à Paris et la ramène à leur chambre au Ritz, quand la cordite explosait à la fenêtre pendant qu’elle faisait l’amour à cet homme qui voulait devenir sou mari. Mary avait lu une interview de Martha dans laquelle elle disait écouter du Chopin avec Ernest pendant que les avions bombardaient Madrid. Elles partageaient donc la même musique, peu importe. Ernest devait, par la force des choses être partagé. Et puis il n’y avait pas seulement deux femmes dans son mariage ; il y en avait toujours quatre – Hadley, Fife, Martha et Mary. Il fallait s’en accommoder.

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