Jolis jolis monstres Julien Dufresne Lamy Harper Collins Poche Dragqueen The Unamed Bookshelf

Il est des livres qui ne déçoivent pas, quel que soit le niveau d’attentes qu’on puisse avoir vis-à-vis d’eux. Celui-ci en fait partie. Retraçant l’histoire du mouvement drag queen de son émergence en marge de la société américaine dans les années 1980 à son affichage sur le petit écran dans les années 2000 avec la RuPaul Drag Race, en passant par les années noires de propagation du sida dans les rangs des drag homosexuels, Jolis jolis monstres offre une plongée dans un monde méconnu et fascinant. A travers les récits de James et Victor, c’est tout un état d’esprit qui transparaît, une volonté de vivre en ayant la liberté d’être ce qu’on veut, une soif de communauté et d’appartenance, une envie de transformer une réalité morose en un bal de beauté et de sensualité.

Même si j’ai préféré la première partie la richesse historique et le foisonnement du récit de Lady Prudence, la seconde partie m’a appris énormément sur le milieu des drags. Avec le personnage de Victor, Julien Dufresne-Lamy déconstruit les stéréotypes que nous pouvions avoir suite à notre rencontre avec Lady Prudence. Il nous montre qu’être drag est avant tout une manière de s’émanciper, de devenir quelqu’un d’autre et de réaliser ses rêves, ce n’est pas réservé aux hommes homosexuels et, si certaines drag finissent par devenir des femmes, la majorité valorise sa dualité, cherchant à garder cet alter-ego mystique et puissant qu’ils ont un jour créé pour apporter un peu de paillettes dans leur vie, tout en restant eux-mêmes par ailleurs.

A la lecture de ce roman, j’ai été totalement envoûtée par la plume de Julien Dufresne-Lamy, qui m’a fait pleurer, rire et danser parfois, tout en me donnant furieusement envie de continuer mon exploration de ce monde fascinant où la réalité n’a pas de prise. Une lecture indispensable, notamment en cette période, pour garder foi en notre capacité à enchanter notre quotidien, qui que nous soyons.


Résumé de l’éditeur:

« Je m’appelle James et je suis exquise… »

Certains disent qu’on est des monstres, des fous à électrocuter. Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme. Les plus jolis monstres du monde.
Au début des années sida, James est l’une des plus belles drag-queens de New York. La légende des bals, la reine des cabarets, l’amie fidèle des club kids et des stars underground. Quand, trente ans plus tard, il devient le mentor de Victor, un jeune père de famille à l’humour corrosif, James comprend que le monde et les mentalités ont changé.
Au cœur d’une Amérique toujours plus fermée et idéologique, ce roman tendre mais bruyant est une ode à la beauté, à la fête et à la différence. Une prise de parole essentielle.


Sur scène, tu dois être parfaite. Ni seulement belle. Ni seulement divertissante. Tu dois faire tomber les masques des gens. Tous ces rôles depuis la naissance. Le genre, la race, la famille. Ton rôle est de faire du flip-flops avec tout ça. Tu es drag. Tu n’es plus homme, pas exactement femme. Tu es en dehors. Tu es l’exemple que chacun incarne sa création. Inspire-les. Trouve des mots, des gestes. N’oublie jamais que tu t’adresseras à des individus de tous horizons. Des touristes. Des mecs et des nénettes sans histoire. Et peut-être qu’au fond de la salle, il y aura une vieille femme. Peut-être un homme esseulé. Un ado en recherche de sens. Une jeune fille mal aimée. Dis-toi que tu incarnes précisément ce que le monde leur interdit d’être. Montre-leur. Même si cela ne dure que cinq petites minutes.

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