Le Vicomte de Bragelonne Alexandre Dumas, Folio, The Unamed Bookshelf Classique

A l’aube du reconfinement, je me suis mise au défi de lire les 2 500 pages du Vicomte de Bragelonne, peut-être l’oeuvre la plus touffue d’Alexandre Dumas, en un mois – et j’y suis parvenue, avec quelques pauses pour respirer entre les tomes. Je ne vous cacherais pas que ce ne fut pas une lecture aisée, la plume de Dumas est certes superbe mais prend parfois trop de détours pour permettre la compréhension pleine et entière du récit. Il n’en reste pas moins que je suis ravie d’avoir été au bout de cette lecture, d’avoir passé de si nombreuses heures au siècle du Roi Soleil, à suivre avec anxiété les péripéties de quatre mousquetaires que nous connaissons tous plutôt bien. 

En effet, si les autres romans d’Alexandre Dumas sont avant tout des récits d’aventures sur fond de contexte historique, ici, c’est l’Histoire, avec un grand H, qui domine l’action. Dans chacun des trois tomes, nous retrouvons les machinations politiques des ministres de Louis XIV, les intrigues de cour où les courtisans s’affrontent à mots couverts pour gagner la faveur du roi, les amours des puissants et les déconvenues que ceux-ci rencontrent malgré leur rang, et la vie quotidienne de l’époque, entre étiquette, devoirs et plaisirs. 

Il est d’usage de résumer un livre quand on en fait la critique, mais comment résumer 2 500 pages d’évènements, d’indices, de retournements de situation, sans vous gâcher la découverte que, j’espère, vous aurez envie de faire après avoir lu ce billet ? Dumas construit patiemment son intrigue, distillant au fil des pages de nombreux éléments qui ne prennent tout leur sens qu’au dénouement final. Il en résulte un récit complexe, parfois déroutant, mais brillant et terriblement bien pensé – comme tout ce qu’à écrit l’auteur. 

Pour finir cet avis qui est, vous l’aurez compris, une vive invitation à la lecture, je voudrais souligner que ce Vicomte de Bragelonne est un roman bien plus riche, intelligent, et passionnant que ne le laissent entrevoir les différentes adaptations cinématographiques qui se sont emparées de l’histoire de l’homme au masque de fer, laissant derrière elles les trois-quarts du récit initial. Passez-donc votre chemin, et privilégiez le roman écrit par Alexandre Dumas !


Résumé de l’éditeur :

Nul roman n’égale, dans l’œuvre de Dumas, par la longueur, l’importance et l’abondance des sujets traités, la puissance d’émotion, Le Vicomte de Bragelonne.
C’est d’abord la période historique choisie qui donne au livre son unité. Richelieu, Mazarin, Louis XIV : chacune des parties de la trilogie des Mousquetaires illustre les étapes principales de la construction politique de l’État français. Dans Le Vicomte de Bragelonne, Dumas choisit l’année qui marque le tournant du siècle, celle de la prise du pouvoir par Louis XIV. L’idéal chevaleresque de la France d’avant Colbert, Dumas le fait revivre justement parce qu’il est en train de s’effacer à jamais. Le plan entrelace deux lignes mélodiques, la chute de Fouquet, la chute de Raoul de Bragelonne. La première est politique et historique, la seconde est amoureuse et tragique.
La poésie du souvenir nous fait passer de l’histoire à l’épopée. À l’approche de la mort, les héros de Dumas sont confirmés dans leur stature épique, qu’ils sont les derniers à avoir. Dumas rejoint ici un grand rêve romantique : donner à la France une épopée. Tout l’exprime, de l’énormité du texte au lyrisme des phrases. De ce genre, Dumas garde aussi la pluralité de tons, tour à tour comique, burlesque, tragique, religieux.


Les malheureux s’attachent aux moindres espérances, comme les heureux aux plus grands bonheurs, et lorsqu’il faut quitter le lieu où cette espérance leur a caressé le cœur, ils éprouvent le mortel regret que ressent le banni lorsqu’il met le pied sur le vaisseau qui doit l’emporter pour l’emmener en exil. C’est apparemment que le cœur déjà blessé tant de fois souffre de la moindre piqûre ; c’est qu’il regarde comme un bien l’absence momentanée du mal, qui n’est seulement que l’absence de la douleur ; c’est qu’enfin dans les plus terribles infortunes, Dieu a jeté l’espérance comme cette goutte d’eau que le mauvais riche en enfer demandait à Lazare.

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