Dans ce traité atypique d’éco-féminisme, Louise Browaeys nous livre, pêle-mêle, ses réflexions sur la vie, sur le monde, sur le capitalisme et son illusoire « croissance verte », sur le marketing de la société de consommation, sur l’amour romantique et filial, sur l’impossibilité des choix qui font sens, sur l’éco-anxiété qui la gagne malgré ses engagements comme elle gagne beaucoup d’entre nous. Cette Reverdie est un ovni littéraire, ni vraiment un essai, ni vraiment une autobiographie, même pas de l’autofiction comme il en existe tant. Ce sont des bribes, des fragments qui amènent à penser la vie différemment, à remettre l’amour et la nature au cœur de nos préoccupations.

Si j’ai beaucoup aimé la lecture de ce texte, c’est probablement parce que de nombreuses réflexions proposées par Louise Browaeys ont résonné avec celles qui me traversent depuis déjà quelques temps. Elle souligne, à travers de nombres exemples de la vie réelle et d’observations plus ou moins décousues, comment le système dans lequel nous vivons nous maintient dans une impossibilité d’engagement écologique, dans un quotidien loin de la nature – et proche du périphérique. Si la sobriété est un choix, notre quotidien est peuplé d’injonctions contradictoires, de nécessités qui font loi, d’habitudes acquises qui nous enferment.

Racontant son histoire d’amour naissante, l’harmonie entre les êtres, l’autrice nous montre sa tentative de revenir à l’essentiel, à défaut de pouvoir devenir maraîchère ou d’avoir un verger au bord de la Loire. Tissant des liens entre écologie et littérature, liant son amour de la nature à son amour des livres, elle cherche des ponts entre ces deux mondes qui malheureusement, se rejoignent encore assez peu. « Les arts, nous dit-elle, sont incontournables pour métaboliser la situation écologique. » Je la rejoins et la remercie d’avoir apporté sa pierre à l’édifice avec ce doux livre étonnant et détonnant.


Résumé de l’éditeur:

Louise tombe amoureuse d’un homme et d’une couleur en même temps. Dans sa quête obsessionnelle pour libérer le vert des slogans publicitaires, elle attrape au vol les petites lumières du quotidien et passe au sécateur les âpretés d’une vie de femme. Des accords lancés sur nos corps vieillissants, le désir, le vivant, les séparations, l’amour persévérant. Une bouffée de verdure et de littérature pour habiter le monde avec audace.


Alors j’écris cette Reverdie pour celles et ceux dont le ventre gargouille et qui n’ont pas de jardin où planter des pommes de terre, qui rêvent d’un saule pleureur penché au-dessus d’un ruisseau – ou simplement d’une feuille de laitue qui croque sous la dent. Pour celles et ceux dont le seul jardin est la littérature, dont le champ n’est que lexical et qui ne connaissent des feuilles que la blancheur d’un format A4. Pour celles et ceux qui ont toujours tenu dans leurs mains des crayons et jamais des brouettes ou des râteaux. Pour celles et ceux qui aiment s’égarer dans un roman comme dans un labyrinthe de charmille, découvrant immanquablement en elles, en eux, tant de petites lumières qui ne demandent qu’à scintiller. Et surtout pour celles et ceux tombés amoureuses, amoureux, bien après que les autres autour d’elles, autour d’eux, ont été mariés, installés, entourés d’enfants et de tabliers.

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