
📖68 Premières Fois – Hiver 2018
Sept ans après s’être installée à Saint-Pétersbourg pour reprendre la boutique de mode d’une lointaine cousine, Amélie est forcée à l’exil par la Révolution russe. Les bolcheviks prennent le pouvoir, l’insécurité est partout, tous les étrangers venus s’installer dans la Russie du tsar s’enfuient à bord des derniers trains disponibles. Un voyage pénible à travers la Finlande, la Suède et l’Angleterre, l’occasion de se souvenir du passé et de s’inquiéter pour l’avenir…
L’intrigue s’annonçait prometteuse : un roman sur fond historique, la Première Guerre mondiale, côté civils, côté russe, l’occasion d’en apprendre un peu plus et de me plonger à nouveau dans une des périodes les plus terriblement fascinantes du siècle dernier. J’ai effectivement eu le plaisir de trouver un roman bien documenté, riche de détails sur la France et la Russie de l’époque, sur la mode et les femmes, sur la guerre et la Révolution également. J’ignorais tout du côté francophile de la Russie tsariste, des merveilles de Saint-Pétersbourg et des nombreux artisanats que nécessitait la mode à l’époque.
Malgré le côté enrichissant de cette lecture, je n’ai pas accroché avec le style du récit, un style où l’auteur dit tout, rapidement, le moindre sentiment, le moindre ressenti. Le lecteur n’a pas le loisir d’imaginer ce que pourrait ressentir la petite modiste, à bord de ce train de marchandises qui l’amène inconfortablement vers la Suède: tout lui est dit, rien n’est suggéré, aucune place n’est laissée à l’imagination. Même les évènements vont vite, surtout les plus tragiques, à peine évoqués sur une page entière – on nous dit qu’il faut être triste mais ça manque d’émotion.
Pays provisoire se rapproche plutôt du conte par certains aspects : l’héroïne est dans une situation terrible, problématique, entre la vie et la mort, et pourtant, elle va de coups de chance en coups de chance, trouvant toujours à se loger, à se nourrir, dans une Europe en proie à l’un des pires conflits de l’Histoire. Il y a toujours sur son chemin une compatriote amicale, un homme serviable, une femme accueillante. C’est finalement une jolie histoire, traversée de quelques légers soubresauts, loin d’empêcher Amélie de rejoindre sa famille saine et sauve – nous, lecteurs, sommes confiants, tout au long du récit, qu’elle arrivera finalement sans encombre.
Clémence avait développé une clientèle mondaine et argentée qui se devait de porter un chapeau différent à chaque moment de la journée : celui du matin, sans ostentation pour faire quelques courses ; celui du déjeuner, juste sur la tête, comme un bibi, sauf pour un déjeuner galant où il fallait se cacher du regard des autres ; celui du thé de l’après-midi, élégant pour rivaliser avec les autres, et celui du soir, sophistiqué, véritable parure au tissu riche et soyeux, à la garniture exceptionnelle, faire-valoir de la position et de la fortune du mari.
Dommage que le récit cède à de telles facilités car le sujet semblait plus que prometteur…
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Je suis bien d’accord, j’avais beaucoup d’attentes à la lecture de la quatrième de couverture, c’est peut être pour cela que j’ai été déçue ..
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