🏆Prix Renaudot des Lycéens 2017

2017. Ryad débarque en Algérie pour un stage ouvrier atypique : vider une vieille bibliothèque pour que le nouveau propriétaire puisse en faire une boutique de beignets. Cette bibliothèque, c’est l’ancienne libraire Les Vraies Richesses, première pierre de l’édifice littéraire qu’à constitué Edmond Charlot, dénicheur de talents et éditeur de la Résistance. Ryad est expéditif, il n’a qu’une hâte : rentrer à Paris retrouver Claire. Et pourtant, il se laisse prendre au charme espiègle et tranquille d’Alger et à l’amour des livres du vieil Abdallah, faisant de cette expérience bien plus qu’elle n’était supposée être.

Un jeune homme mobilisé m’a demandé pourquoi je n’écrivais pas, moi qui aimais tant la littérature. Je n’ai pas osé lui répondre qu’écrire m’ennuie. Moi, j’aime publier, collectionner, faire découvrir, créer du lien par les arts !

Le récit de vie d’un amoureux des livres, entre-croisée de pans entiers de l’Histoire du monde et de confidences philosophiques d’un vieux sage : un mélange parfait pour un livre ! Avec un tel cocktail, je ne pouvais pas ne pas aimer Nos richesses. J’ignorais tout d’Edmond Charlot avant de parcourir ces pages, et je suis heureuse d’avoir pu faire la découverte de cet homme admirable, éditeur passionné et engagé, partageant ma vision de ce que doit être la littérature. Bravo à Kaouther Adimi pour avoir réussi à nous rendre ce personnage si vivant, si intime et si familier !

En parallèle de la vie d’Edmond Charlot, ce sont des moments clés de l’histoire de l’Algérie que nous (re)découvrons : l’affront de la colonisation française, la mobilisation des « indigènes » algériens aux côtés de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, les massacres de Sétif. Kaouther Adimi défend son pays face à cette barbarie, face à cette injustice orchestrée par la France, tout en valorisant les hommes qui ont essayé de la faire cesser. Mais plus qu’une défense, ce roman devient une déclaration d’amour à l’Algérie, ce pays où « nous ne faisons pas de différence entre ceux que nous connaissons et ceux que nous venons de rencontrer », ce pays chaleureux, ensoleillé et joyeux, où chacun peut se sentir chez soi. En refermant ce livre, nous n’avons plus qu’une envie : suivre les indications données par l’auteur et aller écumer les rues d’Alger à la recherche de la librairie Les Vraies Richesses.

Mais vous, vous emprunterez les ruelles qui font face au soleil, n’est-ce pas? Vous parviendrez enfin rue Hamani, l’ex -rue Charras. Vous chercherez le 2 bis que vous aurez du mal à trouver car certains numéros n’existent plus. Vous serez face à une inscription sur une vitrine : Un homme qui lit en vaut deux. Face à l’Histoire, la grande, celle qui a bouleversé ce monde mais aussi la petite, celle d’un homme, Edmond Charlot, qui, en 1936, âgé de vingt et un ans, ouvrit la librairie de prêt Les Vraies Richesses.


Résumé de l’éditeur :

En 1935, Edmond Charlot a vingt ans et il rentre à Alger avec une seule idée en tête, prendre exemple sur Adrienne Monnier et sa librairie parisienne. Charlot le sait, sa vocation est d’accoucher, de choisir de jeunes écrivains de la Méditerranée, dans distinction de langue ou de religion. Placée sous l’égide de Giono, sa minuscule librairie est baptisée Les Vraies Richesses. Et pour inaugurer son catalogue, il publie le premier texte d’un inconnu : Albert Camus. Charlot exculte, ignorant encore que vouer sa vie aux livres, c’est aussi la sacrifier aux aléas de l’infortune. Et à ceux de l’Histoire. Car la révolte gronde en Algérie en cette veille de Seconde Guerre Mondiale.

En 2017, Ryad a le même âge que Charlot à ses débuts. Mais lui n’éprouve qu’indifférence pour la littérature. Etudiant à Paris, il est de passage à Alger avec la charge de repeindre une librairie poussiéreuse, où les livres céderont bientôt la place à des beignets. Pourtant, vider ces lieux se révèle étrangement compliqué par la surveillance du vieil Abdallah, le gardien du temple.


Mais la France a besoin des indigènes dans ses troupes. « La Mère Patrie n’oubliera pas au jour de la victoire tout ce qu’elle doit à ses enfants de l’Afrique du Nord. » Nous sommes des cireurs de chaussures, de petits commerçants, des vendeurs de légumes que nous cultivons sur de minuscules lopins de terre, des gardiens de chèvres et de moutons. Nous ne sommes pas encore des adultes. Nous n’avons jamais vraiment été des enfants. Nous détestons l’Europe dont les usines engloutissent nos pères que nous voyons revenir brisés par les privations et la fatigue. Nous nous enrôlons dans l’armée. On nous donne des uniformes et on nous assène de grands discours. Nous devenons un peu français mais pas vraiment. Nous sommes surtout des tirailleurs, de la chair à canon. On nous impose de combattre pour une nation dont nous ne faisons pas vraiment partie. On ne cesse de nous répéter les mots patrie, courage, honneur… mais en vérité, sur le front, nous pensons surtout à la faim, au froid, à notre incompréhension face à cette guerre, aux morts sur lesquels nous récitons quelques versets du Coran avant de les recouvrir d’un linceul de fortune.

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