D’os et de Lumière Mike McCormack Editions Grasset Janvier 2019 The Unamed Bookshelf

Un homme assis à la table de sa cuisine a l’heure du déjeuner s’égare dans ses pensées et retrace les moments clés de sa vie, entrecoupés de réflexions politiques, sociales et philosophiques sur le monde, l’art, la famille, la corruption, etc.

De ce roman contemplatif et lancinant naît soudain une urgence indescriptible, une prémonition latente qui nous donne à penser qu’il va arriver quelque chose dans la vie de cette homme, cette vie qu’il nous livre dans le désordre, selon le fil de sa propre pensée. Ce doute sourd nous poursuit tandis qu’il continue ses histoires de dalles de béton et de sandwich club impeccablement réalisé, cette peur continue à nous étreindre parce que, sans nous en rendre compte, nous nous sommes incroyablement attachés à cet homme pendant les 200 pages précédentes où sa pensée a librement déferlé devant nos yeux ébahis par tant de prouesses et de témérité littéraire.

C’est un des romans qu’il m’a été le plus difficile de poser puis de rependre, l’absence de phrases, de paragraphes délimités et de sections nous laissant toujours indécis – on ne sait jamais où on en est, comme le narrateur lui-même ne sait jamais où il en est de son récit, alors on relit plusieurs fois les mêmes mots jusqu’à reprendre le fil, ou accepter de le perdre définitivement. Mike McCormack réussit ici à nous introduire dans la tête de son personnage, en reproduisant par son style littéraire la confusion profonde de cet homme qui conte sa vie, assis à la table de sa cuisine. Une prouesse rare, qui explique bien l’engouement autour de ce livre unique, un mélange ambitieux entre poésie et prose romanesque, un livre apparement sans intrigue au premier abord mais qui réussit néanmoins à captiver irrémédiablement son lecteur sur quelques 350 pages.


Résumé de l’éditeur:

Il est midi et les cloches retentissent dans le village de Louisburgh, en Irlande. Assis devant la table de sa cuisine, Marcus Conway écoute la radio en lisant son journal. Pendant une heure et jusqu’au prochain bulletin d’information, il se plonge dans ses souvenirs depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, il désosse son passé comme il observe les ponts, avec autant de minutie que d’émerveillement. Il se rappelle ses premières années d’homme marié, la naissance de ses enfants, les combats quotidiens contre la corruption locale et les dernières folies de son père. Puis ce jour où, comme une large partie de la population du comté, sa femme est prise de violentes douleurs. Marcus se souvient du trajet en voiture pour lui apporter des médicaments, et de sa vie qui s’est alors mise à vaciller…

Avec tendresse et poésie, Mike McCormack nous raconte l’intimité d’un homme, de sa famille, et interroge les limites de nos démocraties modernes. Une lumière singulière jaillit de ce texte, une langue qui bat au rythme d’un cœur en peine qui nous immerge dans les profondeurs de l’âme celtique. Écrit d’un seul souffle, D’os et de lumière fera certainement date dans l’histoire de la littérature anglo-saxonne.


et si jamais cette femme devait être refaite, le monde pourrait recommencer avec la lumière et l’harmonie de cette pose qui était si caractéristique de tout son être, tirant de l’éther sa configuration, sa structure et son harmonie, toutes les lignes et contours qui font d’elle la femme qu’elle était ce jour-là, sa santé et son moral intacts, cet instant où elle était absorbée en elle-même dans les livres et la musique, oublieuse du monde entier, permettant ainsi que quelque chose d’elle, quelque chose de vrai dont elle n’avait pas conscience, apparaisse si clairement (…)

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