Un grand Dumas, magnifiquement bien documenté mais aussi magnifiquement romancé. Dans le cadre de la vie fastueuse de Versailles au temps du déclin monarchique, se trame une des affaires les plus dramatiques et les plus lourdes de conséquences pour la monarchie déjà déclinante. Afin de renflouer ses caisses vides, Jeanne de la Motte-Valois parvient à berner le Cardinal de Rohan en lui faisant croire à une idylle épistolaire avec la reine. Le clou de son plan machiavélique : demander à Rohan d’acheter un collier inestimable initialement réalisé pour la duchesse du Barry sur ordre de Louis XV. Une fois le collier récupéré et revendu par les comploteurs, l’affaire arrive aux oreilles du roi : le Cardinal de Rohan est jugé devant le Parlement, et acquitté du crime de lèse-majesté, ternissant à jamais l’image de la reine Marie-Antoinette.Alexandre Dumas nous dévoile les dessous d’une affaire complexe, où chaque personnage fait jouer ses propres motivations, à la fois bonnes et mauvaises, et accomplit des actes souvent peu glorieux. Chaque personnage nous apparaît dans toute la complexité de son caractère, qui justifie toujours son comportement, les décisions qui les mènent finalement à se retrouver tous accusés à la fin. On prend la mesure de l’enchaînement des événements, de l’entrecroisement des idées, des intérêts, des actes.

D’où vous vient cette témérité de penser que vous avez raison, que moi j’ai tort ? D’où vous vient cette audace de préférer votre principe au mien ? Vous défendez la royauté, vous ; eh bien ! si je défendais l’humanité, moi ? Vous dites : « Rendez à César ce qui appartient à César » ; je vous dis : « Rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu. » Républicain de l’Amérique ! chevalier de l’ordre de Cincinnatus ! je vous rappelle à l’amour des hommes, à l’amour de l’égalité. Vous marchez sur les peuples pour baiser les mains des reines, vous ; moi, je foule aux pieds les reines pour élever les peuples d’un degré. Je ne vous trouble pas dans vos adorations, ne me troublez pas dans mon travail.

A travers de l’écriture de Dumas, on observe aussi ses propres idées, plutôt favorables à une monarchie libérée. Il nous présente cette affaire comme le début de la Révolution, le déclencheur de toute la haine à l’égard de cette reine qui ne le méritait pourtant pas. On voit les erreurs qu’a fait la royauté à cette époque, en voulant défendre un honneur menacé déjà auparavant. Une magnifique fresque historique, comme beaucoup de romans de Dumas, captivante à souhait et pleine de rebondissements. On a beau connaitre la fin d’avance et avoir une idée des différentes péripéties, ici la narration nous entraîne, nous fascine, et nous transporte. Un roman à dévorer !

Le Collier de la reine est l’un des romans les plus romanesques d’Alexandre Dumas. Il se consacre à un épisode authentique du règne de Marie-Antoinette. La machiavélique comtesse de La Motte trame de ténébreuses intrigues et tend un piège qui révèle que la reine est une femme exposée aux atteintes du monde et aux violences de la passion. La prémonition d’une fin terrible plane sur toute l’intrigue et l’inscrit dans l’Histoire.
Un roman d’aventures sous-tend la réalité historique et rend sa description palpitante. La figure mythique de Cagliostro, l’homme aux mille vies, incarne le thème du vengeur masqué, du héros satanique comme le sera Monte-Cristo. Jeanne de La Motte rappelle Milady, la femme maléfique. On ne manque ni de demeures mystérieuses, ni de secrets, ni de passages dérobés, ni de figures masquées, ni de fausses reines. De cette histoire, et de l’Histoire, personne ne sortira indemne : point de happy end.

– J’aimerais, dit-il, une femme mariée. Je l’aimerais avec cet amour sauvage qui fait qu’on oublie tout. Eh bien!…je dirais à cette femme: « Il nous reste quelques beaux jours sur cette terre; ceux qui nous attendent en dehors de l’amour vaudront-ils ces jours-là? Viens, ma bien-aimée, tant que tu m’aimeras et que je t’aimerai, ce sera la vie des élus. Après, eh bien! après, ce sera la mort, c’est à dire la vie que nous avons en ce moment.
« Donc gagnons les bénéfices de l’amour. »
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