🙋🏼Grand Prix des Lectrices Elle 2020

Honoré de Balzac était un homme décidément atypique pour son époque. Génie de la littérature, capable d’enchaîner les heures d’écriture comme jamais, dépensier notoire,  capitaliste avant l’heure et royaliste convaincu, il a vécu sa vie comme il l’entendait, en suivant ses passions, de la marqueterie à la belle Hanska, en passant par son grand projet, La Comédie Humaine. Titiou Lecoq a voulu raconter l’homme derrière la figure littéraire que nous connaissons tous, lui rendre hommage dans ses contradictions et ses torts de l’époque. C’est chose faite dans cette biographie aussi amusante qu’informative, qui nous transporte de la naissance de Balzac aux tragiques suites de sa mort.

Restituant dans le texte des lettres de l’auteur et le détail de ses livres de comptes, elle ouvre pour nous les portes de l’intimité de ce grand écrivain, transformant cette figure des cours de français de lycée en homme en chair et en os. Si j’ai apprécié cette lecture, bien ri à plusieurs reprise de l’humour piquant de Titiou Lecoq, j’avoue avoir été déstabilisée par le ton extrêmement familier qu’elle emploie pour parler de cet homme, somme toute assez illustre. A force de vouloir faire dans la démocratisation et de vouloir nous rendre proche de Balzac, il est parfois difficile de faire la distinction entre les traits d’ironie et ce qui semble être de la moquerie gratuite. L’auteure rattrape en revanche ce côté un peu léger de sa biographie avec un post-mortem et post-scriptum riches d’enseignements sur notre époque et son côté indéniablement balzacien. En somme, ce qui commençait comme une comédie décalée se finit bel et bien en un essai sérieux.


Résumé de l’éditeur:

Parce qu’il a réussi sa vie en passant son temps à la rater, Balzac est mon frère.

Il y a bien plus que vous ne le pensez entre une jeune femme d’aujourd’hui, féministe, écrivaine, blogueuse, et Honoré de Balzac…

À la suite du succès de son livre Délivrées ! Titiou Lecoq ne va pas bien. L’époque lui dicte de réussir, elle réussit. Mais pourquoi est-ce que cela ne la rend pas heureuse ? Elle ne sait pas quoi faire. Un jour, pour tromper la déprime, elle décide de visiter la maison d’Honoré de Balzac. Une rencontre s’opère. Une révélation également. Balzac, que Victor Hugo désignait comme « le travailleur puissant et jamais fatigué », n’est pas seulement ça. Il existe un Balzac intime, humain, fatigué, qu’on pourrait nommer le plus grand poissard de l’histoire littéraire. Balzac est un looser magnifique. Et pour une société comme la nôtre, obsédée par l’idée de réussite, c’est un flamboyant contre-exemple. Alors, il devient son alter ego.


Contrairement à l’écrasante majorité des hommes de son temps – et des générations suivantes -, il a vu les femmes telles qu’elles vivaient. Il a vu que la moitié de la population étouffait. Et il en a fait un sujet de littérature, donc un sujet noble, peu importent leur âge, leur milieu social, leur origine géographique. C’est ce qui explique que contrairement à d’autres auteurs masculins, Balzac n’est pas douloureux à lire pour une femme du XXIème siècle. Il est l’un des rares à avoir réussi à s’échapper du regard masculin pour faire exister de véritables personnages féminins, ce qui à l’époque lui valut évidemment d’être taxé d’immoralité. Les femmes devaient être vertueuses, il fallait leur donner des modèles de conduite en littérature, pas ces héroïnes en colère, révoltées, pleines de doutes que Balzac a racontées.

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