American Dirt Jeanine Cummins Editions Philippe Rey

Le récit s’ouvre sur un massacre : seize personnes de la famille de Lydia, dont sa mère et son mari, assassinés sans pitié lors d’une la quinceniera de sa nièce par les hommes de main du terrible cartel des Jardineros. Lydia et son fils, miraculeusement épargnés, s’enfuient vers el Norte, le Nord du Mexique et la frontière américaine, se mêlant au flot ininterrompu de migrants clandestins, qui affrontent chaque jour des dangers innommables pour échapper aux conditions de terribles conditions de vie dans leur pays. S’appuyant sur un travail de documentation très complet, Jeanine Cummins nous dépeint tout au long de ce roman ce qui semble être la réalité des immigrés clandestins d’Amérique du Sud tentant de passer la frontière, une réalité pleine d’horreurs et d’épreuves. 

Lire American Dirt, c’est se laisser embarquer dans un périple dont on ne ressort pas indemne. Immédiatement, l’actrice nous immerge dans la psychologie de ses personnages, dans leurs luttes intérieures et dans leur nécessité viscérale d’assurer leur survie, avant toute autre chose. Elle créée énormément d’empathie autour de leur situation, on est transpercés jusque’à l’os parce qu’ils vivent, par les souffrances et les peurs que leur impose leur situation de proie. On ressent toute l’atrocité de cette histoire improbable, où l’amitié et la haine ont succédé en une minute l’une à l’autre. 

Bien qu’il y ait eu des critiques sur Jeanine Cummins et sa légitimité à parler de ces sujets, étant elle-même une américaine blanche sans racines latino-américaines, je trouve qu’elle a fait un travail admirable de recherche et de restitution de la situation migratoire au Mexique. J’imagine qu’elle a romancé certaines parties mais dans l’ensemble c’est un texte qui sonne incroyablement juste, on sent qu’il y a du vrai là-dessous, que ce n’est pas seulement une personne éloignée de la réalité qui y a plaqué ses stéréotypes et ses idées préconçues. Ce titre a déjà participé à une prise de conscience collective et je pense qu’il faut continuer à en parler pour avancer sur la cause migratoire, particulièrement dans cette zone où c’est un sujet aussi sensible. 


Résumé de l’éditeur:

Libraire à Acapulco au Mexique, Lydia mène une vie calme avec son mari journaliste Sebastián et leur famille, malgré les tensions causées dans la ville par les puissants cartels de la drogue. Jusqu’au jour où Sebastián, s’apprêtant à révéler dans la presse l’identité du chef du principal cartel, apprend à Lydia que celui-ci n’est autre que Javier, un client érudit avec qui elle s’est liée dans sa librairie… La parution de son article, quelques jours plus tard, bouleverse leur destin à tous.

Contrainte de prendre la fuite avec Luca, son fils de huit ans, Lydia se sait suivie par les hommes de Javier. Tous deux vont alors rejoindre le flot de migrants en provenance du sud du continent, en route vers les États-Unis, devront voyager clandestinement à bord de la redoutable Bestia, le train qui fonce vers le Nord, seront dépouillés par des policiers corrompus, et menacés par les tueurs du cartel…

Porté par une écriture électrique, American Dirt raconte le quotidien de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière. Un récit marqué par l’instinct de survie de Lydia, le courage de Luca, ainsi que par leur amitié avec Rebeca et Soledad, deux sœurs honduriennes, fragiles lucioles dans les longues nuits de marche…

Hymne poignant aux rêves de milliers de migrants qui risquent chaque jour leur vie, American Dirt est aussi le roman de l’amour d’une mère et de son fils, qui au cœur des situations tragiques ne perdent jamais espoir. Un livre nécessaire à notre époque troublée.


Au loin, derrière cette colline, se dresse une centaine d’autres collines, et probablement encore une centaine derrière elles, qu’ils ne voient pas parce qu’elles s’étagent, de plus en plus hautes, de plus en plus aiguisées et redoutables. Le soleil les fend d’éclairs d’une luminosité folle. Les pentes sont couvertes d’herbes dorées couchées par le vent, de plantes épineuses et d’arbres rabougris. Il y a partout d’énormes rochers, rivés aux failles, perchés sur des saillies branlantes, rassemblés dans des creux comme des familles inflexibles. Certains rochers sont si gigantesques qu’ils font paraître naines les collines qu’ils dominent. Au-dessus d’eux, le ciel impitoyable véhicule des nuages qui modifient la lumière, s’amusent à jouer des tours, rendant impossible de jauger les distances mais ne recouvrant jamais le globe brûlant et implacable du soleil.

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