L'Automobile Club d'Egypte Alaa El-Aswany Babel Actes Sud Egypte

Il est absolument fascinant de voir comment Alaa El-Aswany parvient à traduire l’atmosphère générale d’un pays en racontant la vie d’une poignée de ses habitants. L’Egypte du roi pantomime Farouk est au bord de la Révolution, la société hiérarchisée, basée sur le racisme envers les Egyptiens, ne tient plus debout, seules les apparences persistent, grâce à l’inquiétude de chacun à l’inconnu qui, immanquablement, arrivera. A travers les histoires personnelles des membres de la famille Hamam et des serviteurs de l’Automobile Club, c’est tout un monde révolu qu’on regarde lentement se déliter en cette fin des années 1940.

Déjà conquise par J’ai couru vers le Nil, il y a bien des années, j’étais curieuse de découvrir les oeuvres antérieures d’Alaa El-Aswany en commençant par celle-ci. Il offre toujours un regard d’une lucidité implacable sur la société qui est la sienne, sur les us et coutumes qui lui sont propres et sur les croyances et superstitions qui traversent depuis toujours la terre des Pharaons. Il manie l’humour pour nous amener à comprendre les tenants et aboutissants de l’occupation par les Anglais, le poids qu’elle fait peser sur la population égyptienne et la vie de chacun. On ressort de ce livre en ayant l’impression d’avoir compris un petit bout de l’histoire égyptienne récente, bien moins enseignée dans nos écoles françaises.

Automobile Club d’Egypte n’est pas sans rappeler les grands romans sociaux que l’on retrouve dans la littérature française : ici aussi, c’est à travers l’histoire du peuple que se dessine celui de la Nation, c’est la somme des individus qui constituent la monarchie égyptienne qui va justement l’amener vers sa propre fin. Un grand roman donc, à découvrir absolument !


Résumé de l’éditeur :

En cette fin des années 1940, sous les pales des ventilateurs de l’Automobile Club du Caire, l’Égypte des pachas et des monarques flirte avec aristocrates et diplomates de tout poil, pour peu qu’ils soient européens. Régulièrement, Sa Majesté le roi honore de son éminente présence la table de poker. Extravagance, magnificence et décadence qui s’arrêtent aux portes des salons lambrissés. Dans les communs, une armada de serveurs et d’employés venus de Haute-Égypte et de Nubie s’escriment à satisfaire les exigences de l’inflexible El-Kwo, le chambellan du roi. L’esclave du monarque est aussi le chef suprême des employés de tous les palais royaux, qui régente dans ses moindres détails leur misérable existence et se délecte à professer l’art de la soumission.


La séduction de la femme égyptienne quand elle étend le linge n’est pas moins grande que lorsqu’elle danse à la manière orientale. La force de séduction est la même dans les deux cas, mais d’une sorte différente. La séduction de la danse orientale est franche et directe. C’est un appel au sexe. Quant à l’étendage du linge, sa séduction est réservée, décente, voilée. La femme fait ses mouvements sans se rendre compte de leur impact sur ceux qui la contemplent.

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