L'Attrape-souci - Catherine Faye - Editions Mazarine - 68 premières fois

📖68 Premières Fois – Hiver 2018

Lucien a onze ans lorsque sa mère disparait en plein coeur de Buenos Aires, alors qu’il regardait les petites boites d’attrape-souci. Livré à lui-même, il erre dans cette ville interminable, des bidonvilles aux riches banlieues, s’accrochant à toutes les mains tendues qu’il trouve, esquivant adroitement ceux qui cherchent à lui nuire. Perdu, il essaie de retrouver sa mère, persuadé que tout cela n’est qu’un mauvais rêve.

Alors conte ou roman d’apprentissage? C’est bien la question. Lucien, rebaptisé Lucio, fait de nombreuses rencontres, toutes plus étranges les unes que les autres, des personnages atypiques, en marge. Ils le prennent sous leur aile sans qu’on s’explique vraiment pourquoi, alors qu’il semble y avoir tellement d’autres enfants dans les rues de Buenos Aires. Ils le nourrissent quand ils n’ont pas assez pour eux-mêmes, ils l’aident du mieux qu’ils peuvent, ils lui apprennent à se débrouiller et à travailler. En s’enfonçant dans les méandres de la ville, Lucio s’engage dans un parcours initiatique. Comme Alice aux pays des merveilles, ses rencontres conditionnent ce qu’il devient, elles sont la clé de son aventure, le véritable aboutissement de sa quête.

J’ai passé un bon moment à arpenter les rues de Buenos Aires avec Lucio, je me suis émue de l’altruisme de ces personnages divers, j’ai apprécié le style direct et les descriptions vivantes. Pourtant, je ne dirais pas que ce livre a été un coup de coeur. C’était une jolie lecture, un peu fantasque, pas vraiment réaliste, adorable et mignonne de par son petit personnage principal plein d’entrain et de bonne volonté. Mais il a manqué un petit quelque chose, un peu plus d’émotion et de profondeur peut-être, pour me bouleverser vraiment.


Résumé de l’éditeur :

Décembre 2001. Lucien, onze ans, vient d’arriver à Buenos Aires avec sa mère. Dans une librairie, il est captivé par de mystérieuses petites boîtes jaunes. Dedans, de minuscules poupées. Selon une légende, si on leur confie ses soucis avant de s’endormir, le lendemain, ils se sont envolés.
Le temps  qu’il choisisse son attrape-souci, c’est sa mère qui s’est envolée. Disparue.
Lucien part à sa recherche. Se perd.
Au fil de  ses errances, il fait des rencontres singulières. Cartonniers, prostituées, gamins des rues avec qui il se lie, un temps. Et grâce à qui, envers et contre tout, il se construit, apprend à grandir. Autrement.
Rebaptisé  Lucio par ses compagnons de route, cet enfant rêveur et déterminé incarne ce possible porte-bonheur que chacun a en soi.


J‘avais mal dans le bas du ventre, là où on m’avait opéré. Au bout d’un long moment, ça s’est calmé. Tout doucement, il m’a collé une tasse brûlante entre les lèvres et m’a fait boire un liquide qui ressemblait à du feu. A bout de force, je me suis laissé glisser entre ses jambes, ma joue posée sur sa cuisse, ça empestait les chaussettes. Je me suis agrippé à lui et je me suis endormi, brusquement, profondément.
Je serais incapable de dire combien d’heures, combien de jours j’ai divagué, égaré entre deux eaux. La nuit et le matin ne faisaient qu’un, l’après-midi, la fièvre montait. J’avais l’impression de me noyer, puis je remontais à la surface, ballotté entre cauchemars et rêves, sommeils profonds et délires. De temps à autre, Gaston me mouillait les lèvres avec une éponge qui sentait l’essence, me grattouillait les cheveux. Je me laissais faire, je lâchais prise. L’ombre de ma mère, immobile, semblait me surveiller, je l’entendais fredonner, tantôt douce, tantôt méchante. Je tendais la main pour la toucher. Rien. Personne.

Plus d’informations et de citations sur Babelio.