Le fleuve de la liberté Martha Conway Le Livre de Poche Prix des Lecteurs 2019 The Unamed Bookshelf📘Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2019

May Bedloe n’avait jamais vécu seule, livrée à elle-même. Quand le bateau sur lequel elle voyage avec sa cousine coule, elle est contrainte de changer de vie et prend un emploi sur un bateau-théâtre. Alors qu’elle passe ses premiers jours à combattre le mal de mer et à s’habituer à ses nouvelles responsabilités, elle va rapidement devoir composer avec des soucis d’autant plus complexes lorsqu’elle rejoint malgré elle un réseau d’extraction d’esclaves en fuite vers le Nord. Ce qui commence comme un simple roman d’émancipation se transforme finalement en aventure mouvementée sur l’Ohio.

Il faut admettre que Martha Conway a un véritable talent pour décrire toute cette société du début du XIXème siècle, les habitudes des habitants en fonction de leur classe sociale, les règles implicites du Sud esclavagistes, les coulisses d’une vie de théâtre. On s’y croirait vraiment, à tel point qu’on s’immerge totalement dans l’époque historique décrite avec doigté, sans questionner le moins du monde la véracité des longues descriptions de l’auteure. Nul doute qu’il a fallu un travail de recherche conséquent pour reconstituer cet univers – c’est très réussi et sans conteste le point fort de ce roman.

On se laisse donc facilement entraîner dans ce récit si bien engagé, on suit May dans ses péripéties pour trouver un nouvel emploi, dans son apprentissage ardu du mensonge et dans ses activités quotidiennes sur le bateau-théâtre. Ce n’est qu’arrivés à la moitié du roman qu’on commence à se dire : « Mais il n’y avait pas une histoire de passagers clandestins sur la quatrième de couverture? » Bingo, c’est en effet le cas, mais l’intrigue tarde à se lancer, l’auteure a si bien planté le décor qu’elle en a délaissé le coeur de son récit : l’enrôlement forcé de May dans une filière d’extraction d’esclaves en fuite. Au bout de 300 pages, on y arrive enfin, et finalement cette histoire d’esclaves nous semble plus un prétexte à l’action que la véritable intrigue du roman – n’était-ce pas plutôt l’émancipation de May, son envol en tant que femme libre, son apprentissage de l’amitié et de l’amour? Deux intrigues donc, plus ou moins complémentaires, mais avec une légère inégalité : si l’histoire de May est extrêmement fouillée et détaillée, son rôle dans la filière est un peu baclé, un peu trop facile, un peu trop sans conséquences in fine.

Un bon roman donc pour comprendre le contexte américain des années 1830, entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste, avec cependant quelques lacunes dans l’intrigue.


Résumé de l’éditeur:

Avril 1838. Après le naufrage du bateau qui devait l’emmener à Saint Louis, une jeune couturière, May Bedloe, échoue seule et sans le sou sur les berges de l’Ohio. Elle trouve un travail sur un bateau-théâtre qui descend la rivière pour donner des représentations. Par sa créativité et son talent, elle se rend rapidement indispensable et trouve sa place au milieu d’une troupe joviale d’acteurs hauts en couleur. Elle y découvre l’amitié et la promesse de quelque chose de plus…
Mais traverser quotidiennement la frontière entre le Sud confédéré et le Nord libre n’est pas sans danger. Pour honorer une dette, May se voit contrainte de transporter en cachette des passagers clandestins sur les flots du fleuve de la liberté.
Ses secrets deviennent de plus en plus difficiles à garder. Et pour sauver la vie des autres, elle va devoir risquer la sienne…


C’était suffisant pour ma mère. Elle accordait beaucoup d’importance à sa vie privée, à la tenue de son foyer, et au bon ordre de ses comptes. Tout devait toujours être rangé et organisé au mieux. Son côté allemand, comme elle disait. Elle était très bonne couturière ; ses coutures et ses ourlets étaient toujours parfaitement droits alors qu’elle n’utilisait jamais de mètre, contrairement à moi. Elle touchait mes ourlets pour me montrer là où j’avais dévié, et me disait de le faire aussi, comme s’il était plus facile de comprendre mon erreur du bout des doigts. Puis il me fallait retirer le fil et recommencer.

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