Baïkonour Odile d'Oultremont Editions de l'Observatoire Rentrée littéraire 2019 The Unamed BookshelfJ’avais adoré Les Déraisons, premier roman d’Odile d’Oultremont, déjà une très belle illustration de son talent pour l’écriture. Ici, elle change de registre, nous montrant toute l’étendue de sa palette littéraire, pour nous servir un roman merveilleusement contemplatif et poétique.

Baïkonour est l’histoire de gens simples, sur lesquels peu d’auteurs auraient attardé leur plume. Sous celle d’Odile d’Oultremont en revanche, ils deviennent des héros, ordinaires certes, mais des héros tout de même, pleins d’une richesse littéraire à nulle autre pareille. Une coiffeuse pour personnes âgées et un grutier solitaire, voilà nos héros. Ils passent leur temps à regarder la mer et le ciel pour y trouver des réponses existentielles, ils sont le plus souvent perdus dans leurs pensées et imperméables au monde qui les entoure.

Odile d’Oultremont insère dans ces vies ordinaires une poésie presque magique, des phrases chantantes et déroutantes parfois. Elle y insère des hasards, des rencontres, des petites mésaventures et de grands événements. Elle illustre, très littéralement l’expression « tomber amoureux ». Elle traduit à travers Anka un amour inconditionnel pour le large, pour le remous des vagues sous la coque d’un navire, pour le ballet des vagues à marée haute. Ici les éléments reflètent l’histoire, dans cette petite ville de Bretagne battue par les vents. Les gens sont loufoques et attachants, leur vie est bercée par l’océan et leur cœur réchauffé par des soupes en Thermos.

C’est une belle histoire, dans un joli cadre, merveilleusement racontée par cette plume que j’ai appris à aimer à travers deux romans différents, mais tout aussi magiques.


Résumé de l’éditeur:

Anka vit au bord du golfe de Gascogne, dans une petite ville de Bretagne offerte à la houle et aux rafales. Fascinée par l’océan, la jeune femme rêve depuis toujours de prendre le large. Jusqu’au jour où la mer lui ravit ce père qu’elle aimait tant : Vladimir, pêcheur aguerri et capitaine du Baïkonour.

Sur le chantier déployé un peu plus loin, Marcus est grutier. Depuis les hauteurs de sa cabine, à cinquante mètres du sol, il orchestre les travaux et observe, passionné, la vie qui se meut en contrebas. Chaque jour, il attend le passage d’une inconnue. Un matin, distrait par la contemplation de cette jeune femme, il chute depuis la flèche de sa grue et bascule dans le coma.

Quelque part entre ciel et mer, les destins de ces deux êtres que tout oppose se croiseront-ils enfin ?


La surface de l’océan danse comme une ballerine. Après toutes ses années, Anka est devenue, à force d’observation et de toute son attention, la spécialiste de ses chorégraphies. La mer, comme les artistes, a ses périodes : son talent et sa virtuosité se situent au point de convergence entre la puissance des flots et leur lyrisme ; l’un prenant le pas sur l’autre au fil des jours. Avant, il lui arrivait, c’était assez fréquent, de passer de longs moments assise face au colosse et dans cette position du lotus, les fesses moulées dans le sable humide, elle s’adressait à l’abîme comme on alpague un ami, lui parlait, attendait par endroits une réponse qu’elle était persuadée la plupart du temps de recevoir. Elle dénichait sans cesse, dans les infinies manifestations du flux aquatique de quoi tranquilliser ses tourments.

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