Le coeur battant du monde Sébastien Spitzer Editions Albin Michel Rentrée Littéraire 2019 The Unamed BookshelfAprès Ces rêves qu’on piétine, Sébastien Spitzer mêle une fois de plus la grande et la petite histoire, nous transporte dans une autre époque, celle de la Révolution industrielle cette fois-ci, à Londres, coeur de l’Empire britannique. Trois destins s’entrecroisent dans cette fresque historique du XIXème siècle, ceux de Charlotte, Freddy et Engels, dont le seul point commun n’est autre que Karl Marx, personnage-clé de la révolution ouvrière. Sébastien Spitzer nous livre un portrait très personnel de Marx, dit « Le Maure », à travers sa famille, ses manies, ses problèmes d’argent, en même temps qu’il nous décrit la vie quotidienne de la population ouvrière, faite d’heures de travail harassantes, de restrictions quotidiennes et d’humiliations systématiques. Le contraste est saisissant et nous amène à considérer différemment l’auteur du Capital.

Une fois encore, Sébastien Spitzer démontre son incroyable talent pour reconstituer l’Histoire et lui donner vie à travers les lignes. Crise du coton, Guerre de Sécession, famine irlandaise, répression des révoltes ouvrières – à force de détails véridiques, il nous donne l’impression d’y être, d’arpenter les rues avec Charlotte, de prendre les armes avec Freddy, de faire les comptes avec Engels. C’est une véritable plongée dans le XIXème siècle, ses grands événements, ses petits bouleversements et sa vie quotidienne.

Si j’ai préféré Ces rêves qu’on piétine pour l’époque historique évoquée et le sentiment de fin du monde qu’il véhiculait, ce deuxième opus m’a prouvé que cet auteur avait plus d’un tour dans son sac, qu’il pouvait être à l’aise avec tous les sujets historiques et les rendre tous absolument passionnants, en les complétant de personnages fouillés et admirables, de petites anecdotes réalistes et de rebondissements inattendus. Il possède un véritable don pour exploiter des faits historiques nébuleux, inconnus du plus grand nombre, pour en faire des romans majestueux se lisant d’une seule traite !


Résumé de l’éditeur:

Dans les années 1860, Londres, le cœur de l’empire le plus puissant du monde, se gave en avalant les faibles. Ses rues entent la misère, l’insurrection et l’opium. Dans les faubourgs de la ville, un bâtard est recueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine. Par amour pour lui, elle va voler, mentir, se prostituer sans jamais révéler le mystère de sa naissance.
L’enfant illégitime est le fils caché d’un homme célèbre que poursuivent toutes les polices d’Europe. Il s’appelle Freddy et son père est Karl Marx. Alors que Marx se contente de théoriser la Révolution dans les livres, Freddy prend les armes avec les opprimés d’Irlande.
Après Ces rêve qu’on piétine, un premier roman très remarqué et traduit dans plusieurs pays, qui dévoilait l’étonnante histoire de Magda Goebbels, Sébastien Spitzer prend le pouls d’une époque où la toute-puissance de l’argent brise les hommes, l’amitié et l’espoir de jours meilleurs.


Tussy s’est renfrognée. Elle tient les bras croisés comme une barrière entre eux. La bulle a éclaté. Mais par où commencer? Freddy a vu tant d’hommes se présenter chez bonne-maman. Ils avaient des mots plein la bouche. Il les a entendu dire. Beaucoup. Et promettre, encore plus, sans se soucier de tenir. Il a entendu fredonner toutes les fadaises du désir, toutes les conjugaisons de vouloir et d’aimer. Les possessifs. Les démonstratifs. Tous ce que ces hommes lorgnaient vers elle. Sans compter. Sans retenue. Sans lendemain. Des mots d’envie. Des mots pour rien. Des mots qui sonnaient bien et qui finissaient toujours par la flanquer à terre. Malheureuse. Freddy voulait connaître les mots cachés qui disent sans abuser. Ceux qui offrent sans reprendre, qui donnent sans promettre.

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