Si vous suivez ce blog depuis quelques temps déjà, vous connaissez mon amour inconditionnel pour les sagas familiales – et celle-ci ne déroge pas à la règle. Victoria Hislop nous introduit dans le quotidien de Themis Koralis, jeune grecque née avant la Seconde Guerre mondiale, dans une fratrie assez atypique de quatre, où les dissensions et différences sont nombreuses. Avec l’âge, la guerre, l’occupation, l’émergence de l’idéologie communiste dans le pays, les frères et sœurs se déchirent en permanence, alors même qu’ils doivent survivre à des situations de plus en plus difficiles. Ils feront des choix diamétralement opposés, s’éloigneront irrémédiablement du nid douillet où ils ont grandi avec leur yaya, parfois pour mieux se retrouver, d’autres fois pour se reconstruire ailleurs. Représentants d’une génération ayant traversé guerres et crises politiques, ils sont les témoins privilégiés d’une Grèce que nous connaissons peu voire pas du tout, marquée par l’histoire et les divergences d’opinions.

Histoires de famille entremêlées de positions politiques tranchées, sur fond historique bien documenté, le tout dans le cadre dépaysant de la vieille ville d’Athènes : ce roman avait tout pour me plaire. Je me suis très vite attachée à ces personnages hauts en couleurs, stéréotypés dans leur jeunesse et tellement plus complexes à un âge plus avancé. Victoria Hislop a su exprimer les contradictions inhérentes à leurs positions politiques très extrêmes, ces choix impossibles entre sa survie et ses convictions, et puis la résignation inévitable après des années de lutte, quand la sécurité des siens devient la seule priorité. J’ai complètement découvert l’histoire de la Grèce à travers ce livre – et ce n’est pourtant pas faute d’avoir lu beaucoup sur la Seconde Guerre Mondiale. Cette succession de conflits armés, guerre mondiale, guerre civile, putsch – c’est beaucoup pour une seule vie, et pourtant, c’est ce qu’ont connu nombre de Grecs.

Ce fut une belle lecture, un véritable voyage dans la Grèce du XXème siècle, plein de sensibilité et de courage, avec des personnages forts et attachants.


Résumé de l’éditeur:

Athènes, 1941. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grèce, après avoir été libérée de l’occupation allemande est ruinée et le pays devient le théâtre d’une guerre civile. Révoltée par les injustices qui touchent ses proches, la jeune Themis décide de s’engager dans l’armée communiste et se révèle prête à tout, même à donner sa vie, pour défendre ses droits et sa liberté. Quand elle est emprisonnée sur l’île de Makronisos, Themis doit prendre une décision qui la hantera à jamais pour protéger ceux qu’elle aime.
Au crépuscule de sa vie, Themis prend conscience qu’il faut parfois rouvrir certaines blessures pour en guérir d’autres, et lève enfin le voile sur son passé tourmenté.


Au cours de cette journée, où sa famille s’était entassée dans le petit appartement, Themis s’était fait la réflexion, non sans un léger regret, qu’elle n’avait rien à léguer à ses enfants et petits-enfants. Ses biens n’avaient que peu de valeur, à l’exception de la table fatiguée autour de laquelle sa famille s’était réunie, génération après génération.
A moins qu’il n’existe, peut-être, une autre forme d’héritage ? Themis y songea soudain : puisque Giorgos n’était plus lui-même, elle avait envie de raconter certaines choses. L’histoire de sa vie n’était pas un patrimoine, mais c’était tout ce qu’elle possédait et elle allait l’offrir à Popi et Nikos.

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