Brillant comme une larme Jessica L. Nelson Editions Albin Michel Rentrée littéraire Janvier 2020 The Unamed BookshelfRaymond Radiguet remplit tous les stéréotypes artistiques du siècle dernier : alcoolique et drogué, coureur de jupons et séducteur invétéré, génie littéraire et victime précoce d’une maladie fatale. Que demander de mieux pour un personnage de roman ? Jessica L. Nelson l’a bien compris, ce type de personnages, aussi réels qu’ils paraissent impossibles, fascinent, et Raymond Radiguet est sans conteste de ceux-là. Sa vie commence vraiment lors de sa rencontre avec Alice, jeune femme séduisante promise à un soldat parti au front. Nous sommes en 1917, Raymond a 14 ans, et il s’en fout pas mal de la guerre – un sentiment qu’il ne se privera pas de retraduire dans Le Diable au corps, son scandaleux roman resté dans les annales.

Jessica L. Nelson nous relate les six années de vie qui ont fait de Raymond Radiguet une figure de la littérature française – alors même qu’il est mort à seulement 20 ans de la fièvre typhoïde. En six ans, Radiguet découvre l’amour, l’adultère, les obligations familiales, le succès, l’amitié, la paternité, la débauche – il faut dire que l’après-guerre a poussé plus d’un homme hors de son berceau. L’auteure parvient, avec un style littéraire mais jamais trop ampoulé, à décrire magnifiquement les personnages complexes qui peuplent ces années folles, ces artistes engagés dans une quête sans fin de plaisirs faciles et de postérité. On y croise Cocteau, Brancusi, Auric, Modigliani, Aragon, Breton mais aussi Bernard Grasset, fondateur des éditions du même nom ! C’est un délice de découvrir Raymond Radiguet, ce personnage tout en controverses, solitaire à la recherche de l’enivrement des sens, jeune déjà vieux qui collectionne les maîtresses et le coeur des hommes.

Brillant comme une larme est une plongée délicieuse dans le Paris littéraire de l’entre-deux-guerres, vu par les yeux d’un génie hors du commun.


Résumé de l’éditeur:

Paris, 1917. Un tout jeune garçon se presse pour rejoindre sa maîtresse, de dix ans son aînée. Il veut aller vite, trop vite. Il ne sait pas encore qu’il porte en lui le génie de la littérature et que son parcours de comète se mêlera aux destinées de Coco Chanel, Max Jacob, Picasso, Breton et Aragon, et surtout à celle de Jean Cocteau… Mais il est persuadé qu’il a de grandes choses à accomplir et peu de temps pour y parvenir. Raymond Radiguet, futur auteur du Diable au corps, va tutoyer les étoiles et s’y brûler.
Jessica L. Nelson fait revivre une époque culturelle et intellectuelle, celle de l’immédiat après-guerre de 1914-1918, au fil du portrait tout en finesse d’un personnage dont le nom, un siècle après sa mort, résonne encore comme une légende.


Il remercie le patron d’un hochement de tête. Tout se passe comme si un ange gardien veillait sur lui et avait chargé l’aubergiste de faire de même. En ce début de soirée délicieux, Raymond porte un pantalon de flanelle et une blouse de pêcheur. Il griffonne quelque phrases sur le papier à en-tête de l’hôtel, devant une assiette parfumée de petits pois, d’asperges et de pommes de terre. Dans un plat, à côté des légumes, des oursins et une sole grillée lui font monter l’eau à la bouche. Il attaque les mets avec appétit, s’interrompt dix minutes plus tard, fourchette en l’air, et ce dont il prend conscience le laisse pantois : la solitude lui réussit fort bien.

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