Tant qu'il y aura des cèdres Pierre Jarawan Editions Héloïse d'Ormesson Mars 2020 The Unamed BookshelfComment grandir normalement lorsqu’on a été abandonné par son propre père ? Pour Samir, impossible d’avancer, il reste coincé à cette journée de 1992 où son père a disparu, emportant avec lui les contes de son enfance et le charme de son pays, le Liban. De nombreuses années plus tard, alors que Samir devenu adulte cherche à construire sa vie en Allemagne, il se lance dans une quête folle : retrouver la trace de son père, en commençant par son village natal au Liban.

Entre roman initiatique, enquête familiale et voyage sensoriel, Tant qu’il y aura des cèdres est définitivement un livre difficile à classer – mais sans conteste un premier roman très réussi. Pierre Jarawan, partant de sa propre expérience de jeune Allemand d’origine libanaise, nous ouvre les portes d’un pays incompris et souvent méconnu. Il nous raconte le Liban, à travers l’attachement inébranlable de ces hommes et ces femmes exilés pour leur pays d’origine, aussi fracturé soit-il. Il nous parle des plats, des odeurs, des rituels, des habitudes, toutes ces choses qui constituent une culture unique et donnent tout son charme à ce pays.

Pierre Jarawan a construit son roman comme un grand puzzle, avec de nombreuses ellipses, retours en arrière et bonds en avant, nous distillant petit à petit des bribes d’informations qui finissent, au bout de quelques 400 pages, à prendre tout leur sens. Intercalant habilement la grande Histoire et la petite, il nous entraîne dans un tourbillon de relations complexes, d’émotions fortes et de personnages attachants, nous laissant bien tristes de quitter cette atmosphère de conte oriental une fois le récit achevé. Rien de tel que ce roman d’une richesse époustouflante pour (re)découvrir le Liban, voir les exilés sous un angle différent, et prendre du recul sur les surprises que nous réserve la vie.


Résumé de l’éditeur:

Après avoir fui le Liban, les parents de Samir se réfugient en Allemagne où ils fondent une famille soudée autour de la personnalité solaire de Brahim, le père. Des années plus tard, ce dernier disparaît sans explication, pulvérisant leur bonheur. Samir a huit ans et cet abandon ouvre un gouffre qu’il ne parvient plus à refermer. Pour sortir de l’impasse, il n’a d’autre choix que de se lancer sur la piste du fantôme et se rend à Beyrouth, berceau des contes de son enfance, pour dénicher les indices disséminés à l’ombre des cèdres.

Voyage initiatique palpitant, Tant qu’il y aura des cèdres révèle la beauté d’un pays qu’aucune cicatrice ne peut altérer. À travers cette quête éperdue de vérité, se dessine le portrait d’une famille d’exilés déchirée entre secret et remord, fête et nostalgie.


Il y a des moments dans la vie où l’on est confronté à un événement qui nous plonge dans l’étonnement. Puis d’autres suivent, et d’autres encore. Ce n’est que bien plus tard, alors qu’on se souvient à peine de ces moments, qu’ils acquièrent une signification nouvelle car on en sait davantage qu’à l’époque sur telle ou telle personne. Tous les gestes, les regards, les mouvements, les comportements qu’on ne pouvait s’expliquer prennent soudain un sens. Comme si l’on trouvait après tant d’années la pièce manquante du puzzle qu’on avait toujours gardé, dans l’espoir qu’on pourrait un jour le terminer enfin.
Il y a des moments dans la vie où l’on voudrait poser une question, puis on préfère s’abstenir. On tâte le terrain et on devine un obstacle, on sent que cette question n’est pas la bienvenue. Les adultes savent faire ce genre de calcul – les enfants aussi. Mais des années plus tard, quand on est mieux informé, on se repent. On regrette de ne pas avoir osé, alors que la question aurait peut-être tout élucidé.

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