La possibilité du jour Emilie Houssa Editions de l'Observatoire 2020 The Unamed BookshelfA l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis sont une sorte de terre promise pour les Européens mis à mal par deux conflits destructeurs successifs. Aurore, comme nombre de ses contemporains, se lance dans la traversée de l’Atlantique, espérant ainsi pouvoir changer son destin tout tracé de future mère de famille au foyer. Arrivée de l’autre côté, rien ne se passe pour autant comme prévu et, si elle parviendra à bousculer les convenances, ce sera en payant le prix fort.

 Ce que découvre Aurore Félix en mettant le pied en Amérique est bien loin de ce qu’elle imaginait : les Etats-Unis sont gangrénés des mêmes vices que la France, la condition féminine y étant tout autant réduite à sa fonction domestique, mais ils souffrent également d’autres maux, que la jeune Française expérimente de près. Elle découvre la ségrégation raciale, la séparation nette entre les blancs et les noirs, ainsi que les luttes de ces derniers pour gagner le droit à l’égalité. Face à l’objectivation des femmes et au machisme du monde du travail, elle devient anticonformiste, élevant son fils dans une maison de femmes dirigée d’une main de maître par Esther, féministe engagée avant l’heure. Alors qu’elle se bat déjà pour l’émancipation des femmes, elle soutient son homme dans le combat contre la ségrégation, elle qui l’a aimé avant de penser à sa couleur de peau. La vie d’Aurore retrace tous les bouleversements de notre monde moderne en construction : de l’émergence du féminisme, au mouvement hippie, en passant par la lutte raciale, elle donne même un aperçu du retour en arrière qu’à constitué le 11 septembre 2001.

Si j’ai apprécié la plongée dans le contexte historique, j’ai eu des difficultés à entrer dans le récit, notamment à cause du style, très léché mais assez froid, oscillant entre le récit de vie et l’essai. Emilie Houssa introduit de nombreuses réflexions dans l’intrigue, expliquant chaque événement, chaque rebondissement, sans laisser au lecteur le loisir de l’imagination, la possibilité de se faire sa propre idée de ce monde d’hier. J’ai finalement terminé cette lecture sur une impression de trop plein, Aurore étant avant-gardiste de tous les moments libertaires de l’époque puis initiatrice de l’art contemporain, travaillant jusqu’à plus de 80 ans pour aller au bout de sa carrière. L’époque se prêtait peut-être à cette densité de vie, mais je n’ai pas pu m’empêcher de trouver qu’elle manquait parfois de vraisemblance.


Résumé de l’éditeur:

NICE – 1947. Aurore Félix, jeune Niçoise, s’apprête à faire ses adieux à sa famille, son pays et au soleil méditerranéen pour rejoindre son beau G.I. Martin en terre promise des États-Unis d’Amérique. Elle rêve alors à une nouvelle vie, faite de promesses de liberté et de cet avenir fabuleux que seul le « Nouveau Monde » semble pouvoir offrir.

Mais une fois l’Atlantique traversé, Aurore découvre que son fiancé ne l’a pas attendue. Abandonnée, sans repère, elle ne fera pas demi-tour et se retrouve à tenter de vivre sa vie sur ces terres inconnues.

La vie d’Aurore s’écrit ainsi dans les plis de l’Histoire, du fin fond du Midwest, jusqu’à New York et Montréal ; des combats pour les droits des femmes à la lutte pour l’égalité civique et la liberté de chacun.

Dans ce tourbillon constant, la liberté d’Aurore se dessine en creux. Elle deviendra mère, recréera un foyer peu conventionnel et se battra sans relâche pour trouver sa place.

Il y a comme ça des vies oubliées qui racontent toute l’histoire d’une société.


La pensée se transforma en un sentiment comme un autre. Elle se déployait par inadvertance, elle réagissait à des situations, elle explosait par contact. Elle était vibrante et je lui laissais enfin une place à la lecture de certaines fulgurances. « La vigilance est la nuit qui veille, » me murmurait par exemple Blanchot. Et qu’importe si ce que je comprenais était juste ou pas, je pouvais en faire quelque chose. Moi, Aurore Félix, immigrée française aux Etats-Unis, je pouvais malaxer cette idée, la faire mienne en la mélangeant à mon vécu, à mon présent et mes images.

Les penseurs n’étaient rien d’autre que des gens qui avaient appris à partager leur vision du quotidien.

Plus d’informations et de citations sur Babelio.