Les Hérétiques Elyse Carré Editions Inculte The Unamed Bookshelf

Les Hérétiques raconte les destins croisés de cinq personnages, majoritairement féminins, qui découvrent, à des périodes différentes, la nécessité de se battre pour eux-mêmes et de s’affirmer dans toute leur individualité, par rapport à un groupe, une société ou un couple. Ça donne un roman foisonnant, plein de destinées non-linéaires aux multiples rebondissements, qui se nouent et se dénouent devant nos yeux ébahis, avides de mots et impatients de connaître la suite. Elyse Carré alterne les différents styles littéraires avec une facilité désarmante, passant du récit de science-fiction le plus caricatural, au roman d’apprentissage, puis au traité politique sur l’émancipation des femmes, tout en insufflant dans chaque page un sentiment d’urgence de vivre, lien indéfectible entre tous ses personnages.

L’Hérétique, Federica, Ruth, Ioulia et Ispao sont tous des personnages uniques et complexes, d’abord façonnés par la société dans laquelle ils évoluent mais qui apprennent petit à petit à s’émanciper de cette influence pour devenir libres et indépendants malgré leurs failles. Détaillés sur plus de 740 pages, ces personnages sont d’une grande complexité et d’une profondeur romanesque rare, très nuancés dans leurs traits de caractères, constamment parcourus de doutes mais finalement toujours décidés à aller au bout de leurs intuitions.

La construction du récit le rend terriblement addictif, avec un rythme d’abord lent qui s’emballe d’un coup quand arrive le moment charnière pour chacun de nos personnages, dont les péripéties se retrouvent subitement entremêlées pour exprimer l’urgence, la menace, mais aussi leur combattivité commune. Une fois embarquée dans cette épopée atypique, je n’ai pas réussi à détacher totalement mon esprit de ce livre, y revenant dès que l’occasion se présentait pour retrouver encore ces personnages flamboyants et le récit de leur transformation personnelle. Un premier roman d’une rare qualité, et totalement en adéquation avec mes goûts littéraires !


Résumé de l’éditeur:

Livre choral où derrière chaque histoire personnelle se tisse une histoire partagée, une trame qui toujours semble la même, Les Hérétiques entremêle cinq destins : L’Hérétique est accusée de sorcellerie et contrainte de fuir village et famille ; Federica, militante communiste dans l’Italie des années de plomb bascule, de rage, dans le camp des Brigades rouges ; Ruth, une ménagère moyenne dans une Amérique en pleine guerre du Vietnam voit naître et s’épanouir en elle le sentiment féministe ; Ioulia, une jeune femme née dans la Russie de la fin du XXIe siècle pense, à tort, que sa beauté la mettra à l’abri du besoin ; Ispao, un être sans genre né dans une société qui semble s’être pacifiée, doit affronter la peur de l’autre et la colère de tous.
Les échos se font et se défont. Chaque personnage trace sa route, fait ses propres choix, essaie, échoue, réussit parfois… L’essentiel est de continuer l’indispensable combat pour l’émancipation.

L’Hérétique, Ruth, Federica, Ioulia, Ispao ont un point commun : le refus de renoncer. Connaître l’espoir ténu que leur destin n’est pas d’avance tracé. Se battre contre soi, s’extraire de l’inertie, de cette boue qui nous aspire et nous endort.

Ode aux luttes féministes, roman d’aventure, conte philosophique, Les Hérétiques est tout cela à la fois.


Il est des instants où tout se précipite, où la vie prend la coloration d’une photographie surexposée. Une lumière plus vive, plus tenace lui donne une intensité incomparable, et ce qui jusque-là avait été extérieur, incertain, devient intimement évident. L’Hérétique devait faire demi-tour ; Ioulia devait s’échapper de son appartement. Et Feda, Lucia et Tonio devaient prendre part à une véritable action, arrêter de tergiverser et d’aller manifester pour conquérir de nouveaux espaces de lutte. Ne pas se contenter de l’amour qu’ils se portaient les uns aux autres.
Le temps pressait. Ils étaient en danger. Ce sentiment contre lequel elle luttait, ce vent qui la heurtait, cette douleur dans l’estomac, voilà ce que cela signifiait. Ioulia ne pouvait pas laisser Sacha prendre une fois de plus le contrôle de son existence, pas après ce restaurant chinois. Et pas avec cette lueur qu’elle avait perçue dans ses yeux. Ils se tournèrent d’un même élan vers Dario. Lui seul avait les contacts, il pourrait les aider. La vie d’Iskander était toujours en jeu, Ero le lui avait bien fait comprendre. Ispao n’avait pas d’autre choix. Ol devait faire en sorte que le rituel amène les Calbanais à accepter l’idée que cette homme ne constituait pas une menace.

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