Le mal de pierres Claude Arnaud Editions Grasset Rentrée littéraire de Janvier 2021 The Unamed Bookshelf Corse Identité Héritage

Dans ce roman très contemplatif, Claude Arnaud revient de manière plus ou moins chronologique sur son rapport à la Corse, au gré d’une déambulation en voiture qui le ramène sur les lieux qu’il a connu. Il y évoque son amour d’abord inconditionnel pour cette terre, lié à la fascination de l’enfance, le remise en question ensuite avec la montée des violences indépendantistes et puis l’acceptation aujourd’hui de cette part de lui-même, qui restera à jamais liée à la Corse. Pour moi qui ne suis encore jamais allée en Corse, c’était l’occasion de découvrir les jolis paysages de l’île et de m’initier, en me détachant des stéréotypes, aux moeurs de la population locale, tout en profitant de l’écriture délicieusement poétique et mélancolique de l’auteur.

On sent qu’en racontant la Corse au lecteur, Claude Arnaud cherche à comprendre cette terre si complexe dans sa simplicité, unique dans son rapport au continent dont elle fait désormais partie. Il examine ses traditions ancestrales, le sentiment d’appartenance qu’elle suscite, son ambivalence entre son appartenance à la France et ses racines méditerranéennes assumées. Il cherche dans les maquis et les maisons écroulées des explications sur la mort de ses frères, sur son propre destin, sur son identité même. C’est une chronique à la fois personnelle et historique qu’il nous propose, assortie d’anecdotes tirées de l’enfance et de faits politiques bien connus, qui offre un autre regard sur la Corse.

Si j’ai apprécié d’en apprendre plus sur cette île, son caractère et son histoire, je dois dire que j’ai parfois eu du mal à suivre le fil, tant l’auteur digresse, saute du coq à l’âne, et surtout de ses souvenirs de petit garçon aux descriptions terribles des attentats du FLNc. On ne peut s’empêcher de refermer le livre en se demandant si l’auteur a réussi à trouver les réponses qu’il cherchait – en tout cas, moi je ne suis pas sûre d’avoir tout suivi.


Résumé de l’éditeur:

«  Il m’arrive encore de me demander qui je suis, après tant d’années, mais je sais bien d’où je viens. Il me suffit d’attraper un avion à Orly et de retrouver une heure et demie plus tard la Corse pour avoir la certitude de toucher à mes origines. Comme si cette île m’avait défini avant même que je ne me soucie de le faire.  »

Pour beaucoup, «  le pays de l’enfance  » est un monde fait de souvenirs idéalisés. Pour Claude Arnaud, descendant des Zuccarelli, une famille qui tint longtemps la mairie de Bastia et celle de Santa-Lucia-di-Mercurio, petit village niché entre deux lignes crêtes, c’est une terre bien réelle où il passa ses premiers étés et revient dès qu’il peut. Un Eden où la nature déploie encore ses merveilles, hautes montagnes à pic, maquis aux parfums envoûtants, vallées de solitude et villages intouchés. Mais une origine suffit-elle à définir une identité  ? Que faire quand son paradis se change en enfer où les maisons des siens cèdent sous les bombes, où l’un de ses frères va se noyer, et où un corps sans tête est retrouvé dans son village même  ? Qu’est-ce qu’une terre dit de soi  ? Et que faire d’une île aussi belle que mortelle  ?
Dans cet époustouflant road trip à travers les routes sinueuses de la Corse, Claude Arnaud retrace l’histoire de sa famille, revisite les morts et les vivants, revient sur   l’énigme de ce meurtre survenu en 2005 (une partie de poker qui tourne mal, un corps jeté aux cochons, une tête enfouie sous 700 kilos de gravats et les secrets de l’île qui ressurgissent). A jamais marqué par cet ailleurs qui est en lui, il fait le portrait de cette île souvent fantasmée, toujours mystérieuse. Une éblouissante traversée.


Une origine ne peut tenir lieu d’identité, même si elle y contribue. Un être est bien trop complexe pour se résumer à un lieu ou une communauté : nos géniteurs renvoient à quatre puis à seize ancêtres, et mille apports viennent contredire leur legs entremêlé. Je tends à être sans famille ni patrie quand j’écris, veille à me rendre aussi libre d’allégeance qu’on l’est au coeur du sommeil. Je vis en me souciant bien plus de ce qui me reste à accomplir que de ce que mes ancêtres purent me léguer – je dois moins à mon arrière-grand-père, qui autopsia le bandit Castelli, qu’aux nombreux écrivains dont j’ai « bu » l’univers, depuis l’adolescence.

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