Des diables et des saints Jean-Baptiste Andrea Éditions de l’Iconoclaste Rentree de janvier 2021 The Unamed Bookshelf

Qui sont ces pianistes qui hantent les gares et les aéroports, régalant nos oreilles surprises de leur musique mélodieuse ? Jean-Baptiste Andrea en a rencontré un, un jour, et, s’appuyant sur les bribes qu’il lui a livrées, a décidé d’écrire son histoire – où presque. Des diables et des saints raconte l’histoire de Joe, orphelin à 15 ans, envoyé aux Confins, pensionnat catholique à la frontière espagnole. Excellent pianiste, Joe parvient à sortir du lot et à devenir le professeur de musique de Rose, la fille d’un généreux donateur de l’orphelinat. Incapable de se résigner à supporter la maltraitance, monnaie courante à l’orphelinat, il échafaude les plans d’évasion les plus fous, avec ses amis de la Vigie, leur société secrète.

Dans ce troisième roman, nous retrouvons le thème de l’enfance, thème récurrent chez Jean-Baptiste Andrea, qui n’a de cesse de s’interroger sur les effets de cette période sur le reste de nos vies. Ici nos héros sont des enfants privés de leur enfance par le système, qui tentent de se réapproprier cette part d’eux-mêmes en se réfugiant dans l’imaginaire. Ils créent ainsi la Vigie, combattant chaque dimanche soir des ennemis invisibles, pour apporter un peu de magie dans la vie de Souzix, neuf ans, né orphelin. On retrouve aussi de nombreux questionnements sur la religion : Qu’est-ce que croire ? Peut-on croire à autre chose qu’au Dieu catholique ? Peut-on croire en quelqu’un d’autre, un homme bien vivant à l’autre bout de la Terre ?

Récit à écouter autant qu’à lire, Des diables et des saints est une invitation perpétuelle à « trouver le rythme » que tous les grands artistes ont, selon le vieux Rothenberg. C’est ce rythme-là, cette capacité à maîtriser le temps qui permettra à Joe et ses amis se s’envoler vers une nouvelle vie. Encore un roman qui démontre le talent incomparable de Jean-Baptiste Andrea pour raconter des histoires, nous faire rêver un peu et nous émouvoir beaucoup.


Résumé de l’éditeur:

Joseph est un vieil homme qui joue divinement du Beethoven sur les pianos publics. On le croise un jour dans une gare, un autre dans un aéroport. Il gâche son talent de concertiste au milieu des voyageurs indifférents. Il attend. Mais qui, et pourquoi ?

Alors qu’il a seize ans, l’adolescent est envoyé dans un pensionnat religieux des Pyrénées, Les Confins. Tout est dans le nom. Après Les Confins, il n’y a plus rien. Ici, on recueille les abandonnés, les demeurés. Les journées sont faites de routine, de corvées, de  maltraitances. Jusqu’à la rencontre avec Rose.


Voyager. Elle voulait voir les palais incas sous la pluie, mâcher des champignons amers qui faisaient devenir aigle, loup, belette, mordre à pleines dents dans des citrons givrés un matin de Sicile, faire la grimace, tout recracher, s’embraser les poumons d’un air de banquise, offrir sa gorge pâle à la gueule des volcans. Elle avait entendu dire que quand certains hommes chantaient, deux voix sortaient d’une même bouche. Elle voulait devenir diplomate, au cas où les Viets que Grenouille grenadait, mitraillait, lance-flammait dans ses chansons auraient, par hasard, leur mot à dire. Elle pensait qu’il était plus sage de s’entendre, de s’arranger, gratte-moi le dos, un peu plus haut à gauche, et je gratterais le tien, que tout le monde serait content quand plus rien ne démangerait. Elle affirmait que ceux qui brandissaient un drapeau et le croyaient unique brandissaient tous le même. Elle disait tout cela, et je brûlais de la croire, même si on n’avait jamais vu une femme diplomate.

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