
Laurent Dutheil a grandi dans une famille française des plus banales… jusqu’au jour où ses parents lui apprennent, à l’âge de sept ans, qu’ils ont changé leur nom, Deutsch, pour Dutheil afin de cacher leur confession juive. Si cette révélation ne lui semble pas exceptionnelle sur le moment, elle prend tout son sens quelques années plus tard, lorsqu’il révèle haut et fort en classe son véritable patronyme. A partir de là, toute la vie de Laurent Dutheil sera une quête sans fin de sa propre identité, à la recherche de la part de judaïté que ses parents lui ont refusé mais qu’il ressent comme faisant partie intégrante de lui-même.
Dans ce court récit autobiographique, il nous raconte les différentes étapes de sa quête, les questions sans réponses qu’il a posées à ses parents, les moments charnières où il a assumé son héritage juif, les instants de communion familiale devant les guerres israélo-arabes, la relation privilégiée qui unissait son grand-père à ce monsieur français qui l’avait caché pendant la guerre, le voyage à Jérusalem qu’il effectue avec les descendants des Justes, et le pèlerinage dans les camps de la mort qu’il fait avec sa famille. A travers les livres, il cherche à reconstituer le patrimoine dont il est issu, mais dont personne, dans sa famille ne veut lui parler. Que veut dire « être juif » quand on descend d’une famille de survivants, prêts à tout pour faire oublier leur étoile jaune, leurs années de peur et de clandestinité ?
C’est une histoire émouvante, pleine de nuance et de justesse, sur la quête de soi dans un contexte chargé d’histoire, qui montre aussi le pouvoir des livres pour nous aider à comprendre le monde et à construire notre identité propre.
– On s’appelle Dutheil. Avant, on s’appelait Deutsch, mais maintenant c’est Dutheil. Dutheil, c’est très bien. En France, il y a plein de Dutheil. Il y en a qui n’ont pas de h mais nous, on a gardé le h, comme le h de Deutsch […] Avec un nom comme celui-là, il n’y a rien à craindre.
A sept ans, le narrateur apprend de ses parents qu’ils ont changé de nom, mais il n’accorde pas grande importance à ce secret. Quelques années plus tard, à la faveur d’un jeu reposant sur l’étymologie des patronymes, il révèle en classe son « vrai » nom. Quand l’enfant le raconte à ses parents, le soir même, il n’a aucune idée de la boite de Pandore qu’il vient d’ouvrir. Car de Dutheil à Deutsch surgissent une multitude de questions que l’oubli et le silence privent de réponses.
J’ai 7 ans est l’histoire d’une révélation qui tire sa force de sa pudeur.
C’est grâce à lui si je m’étonne de la richesse et de la puissance des mots, de leur justesse, de leur simplicité, de leur pouvoir d’évocation et d’imagination déconcertant et sans frontières, de leur secours pour exprimer une pensée qui, sans eux, serait gelée. Je suis séduit par leur fulgurance, leurs nervures, leurs accents, au point parfois d’arrêter ma lecture pour en goûter l’intensité et la beauté. Je pose alors mon livre, troublé par leur violence ou leur douceur, leur poésie, leur à-propos. Puis je reviens à la page ou à la phrase qui m’a plongé dans une rêverie et une humeur d’une douce fantaisie.
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